Ah ! les souvenirs de famille et de soupe ...
La soupière de Mémé était comme celle-ci.
Tout était naturel, du jardin, mijoté avec amour ...
Pour moi c'était la punition extrême ...
Je tordais du nez, mon père exigeait que je la mange.Mon grand-père disait :
"Mais laissez-là donc, vous savez bien qu'elle va être malade"
Et c'était le Patriarche ...
Et maintenant si les vieilles mains de Mémé posaient sur la table
cette jolie soupière fumante et odorante ...
Je me jetterais dessus !

Respirant un même fumet
et humant les mêmes vapeurs,
ils se retrouvent aux mêmes heures,
estomacs vides qu’on vient combler.

Heureux symbole d’une famille
entourant à nouveau la table
où chacun se remplit le râble
sans regarder son vis-à-vis.

Unis par une même chaleur
qui coule de bouche en estomac,
leurs pensées se promènent ailleurs
quand ils se penchent sur les plats.
Esther Granek (extrait)