J'adore sortir fin septembre
parmi les mûres grasses,
trop mûres, glacées et noires
manger des mûres au petit déjeuner,
les tiges très piquantes, une pénalité
car l'art noir se mérite
et comme je me tiens parmi elles
portant les tiges à ma bouche,
les baies les plus mûres
tombent presque spontanément sur ma langue,
comme le font parfois les mots,
certains mots particuliers
grumeaux sur syllabes à plusieurs lettres,
que je serre, m'ouvre et fais des folies
avec la langue noire silencieuse, surprise, glaciale
de mûres à la fin septembre.
Galway Kinnell