• C 'était un temps qui forgeait des hommes ...

    "Octobre : voilà que les vacances finissent. Mais les petits garçons d’aujourd’hui, ou du moins le plus grand nombre d’entre eux, n’éprouvent plus, quand vient l’automne, la mélancolie des petits garçons de mon temps. L’internat est une coutume qui tombe. Le lycée d’aujourd’hui n’est plus cette caserne de latinistes ni cette prison de grammairiens qu’il était naguère encore. La mode ne veut plus que l’enfant soit sevré de la vie de famille. On lui épargne les rigueurs du réfectoire et du dortoir, la servitude de l’uniforme et la discipline scolaire. L’externe libre, bien chaussé et bien peigné, qui faisait notre secrète envie, à nous autres pensionnaires hirsutes, était un précurseur. (...) Je suis d’une génération où les pères de famille croyaient à la vertu de l’internat. Peut-être n’avaient-ils pas si grand tort. J’ai été interne et je ne le regrette pas.(...) C’était spartiate et athénien à la fois. C’était militaire et littéraire. Le tambour était battu d’une main vigoureuse par un vieux soldat. Il n’était pas rare que le pion fût un ancien sous-officier, et nous faisions des vers et des discours latins avec des maîtres qui croyaient en Cicéron comme on croit en Dieu. Les sorties étaient rares, l’air du dehors ne pénétrait pas dans ce phalanstère.(...) Avec tout cet appareil sévère, le lycée de mon temps avait pourtant de la fantaisie et c’étaient les élèves qui la lui apportaient. Quelle diversité prodigieuse ! je n’ai jamais entendu autant parler de tous les pays de la terre, et des contrées les plus étranges et les plus lointaines, que par mes camarades de collège".

    Jacques Bainville

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