Se lever tôt pour vaincre la chaleur
un peu sec à cause de l'alcool de la nuit dernière.
Nous sommes bientôt à des kilomètres de la terre où
les gros poissons errent sous le soleil
et les étoiles, non perturbées par le temps
marche mesurée par les vagues.
Tranchant la bonite comme appât, le sang est
rouge contre tout le bleu. Bleu dessus
et plus bas. Le crochet, avide de
viande, brille bleu dans ma main comme
Je laisse tomber son panache emplumé dans le sillage.
Nous buvons de la bière et attendons que la ligne chante,
cliquetis de la bobine comme un train fou,
serrage sous la traînée, brûlant la butée en cuir.
Le marlin bondit, son bec embrochant le ciel,
sculpte et danse dans le bleu, puis se tord et plonge.
La tige tremble dans la ceinture. Le cuir me mord le dos
Je tourne et tire, le marlin saute à nouveau,
Je pousse en avant et rare en arrière comme le feu
la sueur et le sel se rassemblent sur ma peau
Un instant de mou, une secousse, le poisson est libre.
Pourquoi toutes les pertes ne sont-elles pas aussi belles que celle-ci ?
Quien sabe ?
Robert Mitchum, écrit après la pêche avec Humphrey Bogart