• Confinement à deux vitesses ...

    Confinement renforcé : Du paradis à l’enfer, selon que vous serez nanti ou misérable...

    Bernard, 73 ans, lui, a fait un autre choix. Médecin spécialiste à la retraite, avec sa femme, elle aussi ancien médecin, ils ont quitté leur appartement haussmannien du VIIIe arrondissement de Paris, dès le lendemain de l'annonce du confinement par Macron. Le trajet à bord de leur puissante Mercedes s'est passé sans encombre. Ils ont retrouvé leur maison de campagne en Sologne, rejoints dès le lendemain par leur fils, Cyril, 42 ans, haut fonctionnaire, leur belle-fille, DRH dans un grand groupe, et leurs deux enfants. 

    - Nous profitons de ce splendide mois de mars, se félicite Bernard, le ciel est avec nous ! Certains jours nous pouvons même déjeuner sur la terrasse, et les produits locaux sont comme toujours excellents ! L'après-midi, c'est partie de raquette ou de ping-pong dans le jardin et jeux de société. Mes petits-enfants adorent et sont surexcités d'être dispensés de l'école dont ils ne sont pas des fanatiques (il rit). Bien sûr, le cheval ce sera pour une autre fois, le haras est fermé. C'est vrai que ça fait tout drôle...

    Pour Muguette, 68 ans, ça fait aussi tout drôle. Femme de ménage retraitée, veuve depuis cinq ans, elle habite un tout petit studio exposé plein nord dans une banlieue populaire. Ses enfants, tous les deux employés dans la grande distribution, vivent à Dunkerque, pas question de les rejoindre. Elle n'en a pas les moyens et eux non plus. Ses deux meilleures et seules amies résident à l'autre bout de la ville, et "il est défendu de prendre le bus". C'est en tout cas ce qu'elle a cru comprendre du discours de Macron. Et avec son minimum vieillesse et la toute petite pension de réversion de son défunt mari, la perspective d'une amende à 135 euros est pour elle synonyme de ruine.

    - Je sais que les flics ne me rateront pas ! lâche-t-elle, d'une petite voix faible et amère.

    Un peu paranoïaque, Muguette ? Peut-être. En tout cas, elle vit sagement confinée depuis sept jours. Elle n'a mis que deux fois le nez dehors, pour remplir son cabas roulant de légumes, au marché qui se tenait encore deux fois par semaine "à deux pâtés de maisons". Elle redoute que le confinement n'entre dans sa phase plus "stricte", comme l'a annoncé Edouard Philippe au journal de TF1. Que le marché s'arrête et qu'elle doivent se rabattre sur la supérette, où "les légumes sont plus chers et moins bons". "Ça dépendra du maire d'après ce qu'il a dit", conclut-elle le regard dans le vague.
    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/confinement-renforce-du-paradis-a-222586

     

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