"Ici, nectar des Dieux", "il est bon, il est frais mon pollen !" Malgré la loi qui l'interdit désormais, la réclame sauvage continue autour des petites villes rurales : une flopée de plantes à fleurs persiste à déployer des pétales publicitaires à destination des papillons, mouches, guêpes, abeilles et autres coléoptères.
Car c'est cela, une jolie fleur : une pub destinée aux insectes butineurs. Faute de pouvoir papouiller les donzelles figées sur leur pied, une flopée de végétaux baratine le petit peuple du ciel en déployant des pétales bath et colorées qui lui promettent le miel et le pollen dont il se régale. L'un riche en énergie pour le vol, l'autre en protéines pour la croissance des gosses.
Mieux : quand l'insecte l'approche, la fleur largue son parfum irrésistible, elle l'accroche pour de bon.
Une fois accoudée au zinc végétal, la mini-bestiole sirote sa chope de suc, remplit sa gourde à nectar et sa corbeille à pollen.
Ce faisant, elle se barbouille de semence mâle végétale (le pollen). Et comme elle fait la tournée des bars sans perdre haleine avec la frénésie d'un festivalier à l'interceltique de Lorient, elle dissémine cette semence.
Ainsi, bien des plantes assurent-elles leur descendance. La pollinisation par les insectes générerait pour les hommes 153 milliards d'euros par an en fruits et légumes (sources INRA et CNRS) Quand les traders apprendront ça, ça va leur plaire ... A coup sûr ils investirons dans la mouche, l'abeille, la guêpe et le coléoptère.
Thierry Creux pour Ouest-France