Adelaide V. Hall était une détenue à l'hôpital psychiatrique de Saint Elizabeth, à Washington en 1918. Il n'y a qu'une seule pièce de son travail mais peut-être qu'à travers elle Adélaïde a dit tout ce qu'elle avait à dire. C'est un tout petit morceau fait au crochet, et toute sa vie misérable y était tissée, et, après avoir externalisé ses peines, elle se contenta de ne plus les dire. Adélaïde et ses huit frères et sœurs ont été élevés par leur violent père alcoolique après la mort de leur mère. Adélaïde partageait un lit avec plusieurs de ses frères et avec son père. Les prétentions d'Adélaïde à des abus sexuels continus ont été rejetées par ses médecins comme des fantasmes d'inceste. Elle a été hospitalisée au moins deux fois à cause de la dépression, de la «mélancolie» et des «délires». Quand Adelaide avait 13 ans, elle est allée vivre avec sa sœur. Elle est tombée amoureuse de son frère aîné ce qui a compliqué sa vie. L'amour n'a pas été autorisé et ils ont été rapidement séparés. Elle a continué à mener une vie adulte déséquilibrée et a eu plusieurs affaires avec des hommes mariés et elle a finalement contracté la syphilis. Bien qu'elle n'ait jamais fait plus que cette broderie au crochet, elle a fait beaucoup de vêtements de bébé pour les enfants qu'elle n'avait jamais eus.
Le morceau de crochet fait moins de 10 pouces carrés, il contient tous les acteurs majeurs de sa vie et elle les dépeint en fonction de leur importance. Son père est le plus grand avec les organes génitaux proéminents. Ses différents frères et sœurs et sa mère sont décrits, identifiés par un système complexe de numéros et de lettres. Cette petite œuvre raconte une histoire de sa vie misérable et sordide. Adélaïde fut victime des circonstances et de son temps. Ses «histoires» n'ont jamais été crues, et elle n'a jamais été en mesure de recevoir l'aide dont elle avait tant besoin. Sans ce petit morceau de laine, Adélaïde serait restée un patient anonyme qui n'existait que dans les dossiers poussiéreux de l'hôpital de Sainte-Elisabeth.