• La France est unique, elle n'est pas l'Amérique ...

    Mathieu Bock-Côté analyse en profondeur pour Valeurs actuelles la période que nous traversons, où le discours racialiste tente de s’imposer comme élément-clé d’analyse des rapports sociaux. “Le multiculturalisme arrive à son point d’aboutissement”, explique le sociologue québécois. Entretien.

     

    Valeurs actuelles. Les émeutes raciales qui sévissent aux États-Unis ont provoqué en France un sursaut indigéniste. On compare la mort de George Floyd à celle d’Adama Traoré, on importe la problématique raciale dans notre débat public. La comparaison entre les Etats-Unis et la France vous semble-t-elle pertinente ? Faut-il s’en inquiéter ?

    Mathieu Bock-Côté.
    La mort en direct de George Floyd nous a tous bouleversé. Le racisme est le péché originel de l’histoire des États-Unis. Il y a un paradoxe au cœur de l’imaginaire américain : on a amené de force les Noirs en Amérique pour ensuite leur reprocher d’être là. Les États-Unis ont par ailleurs multiplié les efforts pour en finir avec la question raciale: de la guerre de sécession à la révolution des droits civiques, jusqu’à l’élection de Barack Obama, il y a eu d’incontestables progrès. Mais les tensions raciales n’ont jamais vraiment disparu et elles ont pris ces derniers temps la forme d’émeutes particulièrement violentes, même si les médias cherchent à tout prix à maintenir le grand récit des manifestations pacifiques. Les jeunes générations répètent de manière presque religieuse les slogans de l’antiracisme d’extrême-gauche, comme si elles voulaient expier, du moins chez les Blancs, une identité maudite, alors que certains ont tendance, chez les Afro-Américains, à croire que les progrès des dernières décennies n’ont pas eu lieu et que le pays ressemble encore au Mississippi des années 1950. On est en droit de se demander jusqu’où ira ce mouvement et je ne vois pas comment la radicalisation des tensions raciales peut engendrer une solution politique véritable, sous le signe d’un réformisme ambitieux.

    Mais si ce mouvement est compréhensible aux États-Unis, il n’en est pas de même en France. On aurait envie de dire et d’écrire: pas d’amalgame ! Les deux pays n’ont pas la même histoire, ni la même structure sociologique, et c’est seulement à cause de l’influence idéologique du racialisme qu’on peut en venir à penser le contraire, comme si partout, les Blancs et les Noirs étaient dans une situation interchangeable.

    Coment expliquez-vous le retour de la race dans le débat public, dont elle semblait avoir été plus ou moins effacée ?

    J’y vois d’abord un effet de l’effondrement symbolique de la nation. Philippe Seguin l’avait prophétisé : la dissolution de la nation, sa disqualification morale, son auto-démembrement politique et sa désubstantialisation identitaire libèrent moins l’individu que les tribus, car le désir d’appartenance ne disparaît pas mais se rabat alors sur des formes régressives. Le racialisme qui prend forme en est symptomatique. Le racialisme représente une radicalisation du communautarisme. Il entend constituer politiquement les populations issues de l’immigration à l’extérieur de la nation, et même contre elles, en les convainquant qu’elles sont victimes d’un système de persécution généralisé, contre lequel elles devraient se révolter.
    https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/societe/mathieu-bock-cote-lantiracisme-est-devenu-un-totalitarisme-120650

     

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