Sur les trottoirs s’entassent les poubelles, sur les quais les voyageurs, et dans les fan zones, les supporters. Consommation de masse, transports de masse et sports de masse sont les trois mamelles de notre vie à la ramasse.

 Pendant que la foule crie sur les quais, dans les rues et les tribunes, d’autres ne disent rien. Bouche cousue, tenus par un serment de discrétion, ils se réunissent ensemble pour discuter du monde. C’est à Dresde cette année qu’ils se sont retrouvés. Pour la 62ème fois depuis la première édition en 1954 s’est tenue la fameuse et énigmatique conférence de Bilderberg. Une centaine de personnes triées sur le volet – désolé, vous ne faites pas partie du « volet » - ont été invitées pour discuter des problèmes du monde. C’est-à-dire de vous. Car leur problème, c’est vous, la masse immense qui travaille, qui consomme, qui mange, qui boit, qui baise, qui pète et qui meurt. Et qui parfois manifeste. La masse n’est pas toujours docile, ce qui inquiète les décideurs de la planète. Les participants à cette conférence, personnages haut placés parfois très riches, sont préoccupés par des gens qu’ils ne fréquentent pas, qu’ils voient à peine et dont ils ne connaissent l’existence qu’à travers les statistiques de la presse économique : les pauvres.
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Vue de notre modeste position, la conférence de Bilderberg ressemble à une sorte de franc-maçonnerie de l’économie où le secret qui l’entoure illustre à quel point le moindre coup de vent sur l’équilibre fragile de nos sociétés effraie les hommes qui en occupent le sommet. Finalement, les poubelles seront ramassées, les trains de nouveau rouleront et la fête du football pourra continuer. Les participants à la prochaine conférence de Bilderberg, qui aura lieu dans un an, trouveront bien d’ici-là de nouvelles raisons d’avoir la trouille de la société qu’ils ont créée.
par Riss