Dans les villes qui un jour ont connu le feu de la destruction on retrouve toujours ici et là au hasard de leurs vitrines des photos des bombardements, de leurs dégâts terribles, et jamais la beauté de ce qu'il y avait avant le drame comme si on avait peur de se souvenir de la beauté perdue, comme si après tant d'années on avait encore peur de voir remonter la nausée des regrets ; beauté mutilée, le souvenir lui toujours brûlant même si les flammes ont disparu depuis longtemps, souvenir à vif ; la preuve ici qu'il est toujours plus facile de voir en face de soi la mort, la vie mutilée que de revoir la vie joyeuse et belle à jamais enfuie
Pierre Cressant