Les villes sont des parfums :
Acre c'est l'odeur de l'iode et des épices. Haifa c'est l'odeur des pin et des feuilles fanées. Moscou c'est l'odeur de la vodka sur de la glace. Le Caire c'est l'odeur de mangue et de gingembre. Beyrouth c'est l'odeur du soleil, de la mer, de la fumée et des citrons. Paris c'est l'odeur du pain frais, du fromage et de l'enchantement. Damas c'est l'odeur du jasmin et des fruits secs. Tunis c'est l'odeur du musc et des nuits salées. Rabat c'est l'odeur du henné, de l'encens et du miel. Une ville qui ne peut pas être connue par son odeur n'est pas fiable. Etre en exil c'est partager ces odeurs : l'odeur de la nostalgie de quelque chose d'autre; Se souvenir d'une autre odeur. Une peinture nostalgique qui vous guide, comme une carte touristique usée, à l'odeur du lieu d'origine. Une odeur est une mémoire et un soleil couchant. Un coucher de soleil, ici, c'est la beauté réprimandant l'étranger.
Mais aimer un coucher du soleil n'est-il pas, comme on dit, l'un des attributs de l'exil ?
Mahmoud Darwish
En présence d'absence