La veille, il avait joué avec quelques uns de ses 16 rejetons puis s'était endormi en rêvant de Bornéo, de Sumatra, des grandes forêts tropicales de son enfance, aujourd'hui saccagées par la production d'huile de palme. Puis il avait dû refaire le chemin de Duisbourg, en Allemagne, où il était né en 1962, à la Boissièe du Doré, en Loire-Atlantique, les bougies sur son dernier gateau d'anniversaire. Un fraisier plein de crème, parce que les fraises c'était son pêché mignon.
Major s'est couché pour l'éternité. Le coeur de cet ancêtre vigoureux a lâché. Considéré comme le plus vieux mâle reproducteur de l'espèce, au monde, Major, l'orang-outan de 50 ans était déjà un survivant. Celui d'une espèce en danger critique.
Depuis l'annonce de sa disparition, il pleut de la tristesse au zoo dela Boissière, comme dans les yeux de Léo Ferré quand il perdit Pépée son chimpanzé. Messages d'affection en cascade, articles émus.
Dans un monde plutôt cruel pour les humains, cette affliction peut sembler un peu démesurée. Mais si le silence des bêtes nous touche autant ça veut au moins dire que chez nous, les grands primates, il reste un peu d'humanité première ?
Yves Aumont