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Nous serions foutus ?
Beaucoup vous diront que la décadence occidentale est la conséquence d’un processus d’abrutissement généralisé des populations. Ils vous diront que la non-transmission des connaissances, des savoir-faire et du récit historique explique en grande partie la situation de chute que nous connaissons.
C’est juste : il y a un siècle, la saignée de la première guerre mondiale a considérablement hypothéqué le capital génétique des Français, l’élite ayant été sévèrement ponctionnée et les plus braves des soldats, effacés.
La grève militaire de 1940, les guerres décoloniales qui s’en suivirent, mai 68 puis mai 81 auront fini de tailler en pièces ce qui constituait la “nation française”, à savoir une certaine homogénéité ethnique, culturelle et religieuse, doublée d’un sentiment communautaire enraciné dans n’importe quel recoin du pays. La nation était alors une somme étonnante de traditions, de parlers et d’habitudes, spécifiques et vivaces certes, mais toujours célébrés sous un seul et même drapeau, malgré le 21 janvier 1793.
On sera tenté d’approuver tout cela, puis d’aller se recoucher.
Mais il nous faut pousser plus loin. Que nous faudrait-il combattre, là, maintenant ? À l’évidence, tout ce qui fait obstacle à une reconquête durable de l’ensemble du territoire national, étendue en voie de déculturation sur laquelle soufflent les quatre vents, où une seule loi doit régner pourtant, un seul ordre, républicain dans l’acception romaine, appliqué à tous. Les réfractaires devront s’adapter, partir ou disparaître, qui qu’ils soient. Mais une fois ce nettoyage réalisé, que se passera-t-il ? Car c’est juste le pansement que l’on aura arraché et la croûte de la blessure que l’on aura grattée. La lésion sera toujours là.
Pourquoi cette entaille ne cicatrise-t-elle pas ? Il semblerait qu’il soit des maladies de l’esprit auxquelles la physiologie s’accorde volontiers : on pourrait évoquer un déficit de plaquettes, élément essentiel à la reconstitution des tissus. Admettons que nous manquions cruellement de plaquettes politiques… enfin – quel gros mot ! – disons plus simplement d’éléments d’appréciation des valeurs relevant de la tradition, valeurs encore capables de défaire les saillies vulgaires d’une post-modernité gavée de “cancel culture”, donc déjà à l’agonie.
Existe-t-il une cure, un sérum, un traitement ? Quelque chose, quelque part, qui pourrait assainir nos tissus ?
Je crois que le remède se trouve dans le cœur de chacun de nous. Chaque Français digne de son héritage – quels que soient les ajouts et les contributions à sa lignée – connaîtra un jour ou l’autre la nostalgie du récit des Anciens qui racontaient un pays où la vie était “un chaos bien rangé” et où chacun avait sa place, pourvu qu’il l’ait méritée, gagnant ainsi son dû et surtout, surtout, le respect de tous.
J.-M. M.
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