• Prête-moi ta main, comme autrefois ...


    Écoute, je ne demande pas grand-chose,
    seulement ta main, la tenir
    comme une rainette qui dort contente ainsi.
    J'ai besoin de cette porte que tu m'offrais
    pour entrer dans ton monde, ce petit bout
     

    de sucre vert, joyeux de sa rondeur.
    Me prêtes-tu ta main cette nuit
    de fin d'année et de chouettes enrouées ?
    Tu ne le peux pas pour des raisons techniques.
    Alors je la tisse avec l'air, ourdissant chaque doigt,
    la pêche soyeuse de la paume
    et le verso, ce pays d'arbres bleus.

    Je la prends ainsi et je la soutiens, comme
    si de cela dépendaient
    beaucoup des biens du monde,
    la suite des quatre saisons,
    le chant des coqs, l'amour des hommes.
    Julio Cortázar


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