Par Martine Gozlan

 Aussi curieux que cela puisse paraître, il existe un lycée Voltaire à Doha, dans ce Qatar qui sponsorise les Frères musulmans. Admirable : la France bravait à travers son lycée le sinistre obscurantisme dénoncé par l’un des génies de nos Lumières !

Hélas, l’établissement est franco-qatari et, de ce fait, sous la houlette des cheikhs. Le procureur général du Qatar, Ali al-Marri, également président du Conseil d’administration de l’école, a mis les choses au point la semaine passée en présence de notre ministre des Français à l’étranger, Hélène Conway-Mouret : « Il y a trois choses importantes pour les Qataris et les Arabes qui fréquentent cette école : l’enseignement de la charia, de la langue arabe et la séparation entre garçons et filles à partir d’un certain âge. Nos amis français se sont montrés compréhensifs… » Des profs vont-ils enseigner la charia et interdire la mixité avec notre bénédiction de pays (encore) laïc ? Le doute nous rongeait, car la ministre de la République était venue signer un accord sur les programmes. Mais « sans lien avec des contenus religieux qui ne concernent que les élèves musulmans », nous précisait son cabinet affolé.

Le contexte reste cependant étrange, car le proviseur de l’autre établissement, le lycée Bonaparte, strictement français celui-ci, a été exfiltré par les autorités françaises parce que menacé de procès pour « attitude antimusulmane »…

Marianne N° 877 du 7 février 2014