Cette chose qui manque et qui fait vivre, que rien n'épuise jamais totalement, c'est le regard.
Non, pas celui que l'on croise dans la glace du miroir, tellement familier qu'on ne le nomme plus,
qu'on ne l'appelle plus.
Celui qui manque, c'est celui qui nourrissait déjà le cœur et le corps,
avec du lait, des mots, des caresses, le corps dépendant et vulnérable de la petite enfance,
ce regard de l'autre qui se penche vers vous.
Celui-là même qui vous dit “regarde, je te vois”.
Celui dans lequel on nage, dans lequel on se noie, confiant, dans lequel on boit, dans lequel on se sauve.
Cette source, intarissable, pour notre soif inextinguible.
Profond comme les océans, inatteignable ciel des cimes.
Le regard dans le regard et, au-delà, le désir.
Le regard aimant.
mpb