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Ventre ...
Sa main s'effile pour s'engager entre les seins, là où s'amorce l'axe de symétrie ; sa main gagne le ventre et s'y épand, encore que désorientée par l'ample caresse latente qu'elle rencontre.
" Mon ventre, oui !... Qui t'attendait… Tu le sens, comme l'aval s'évase, se dispose ?... " Elle voudrait davantage encore s'élargir sous cette main qui semble effleurer en vous, au passage, des feuillets de limon sur leur tranche. " Tu m'écarquilles, tu m'étales… Fais de mon ventre une grande paupière - abaissée… Et puis descends… descends !... pour que je sache l'ivresse d'être proie. "
Aurait-elle formulé cette prière à haute voix, qu'il ne l'eût pas exaucée : la fréquentation des rivages lui a appris les prodigieux effets de la patience, fougue et minutie mêlées ; il ne se sent jamais aussi présent au monde que dans le désir ; il tient que le propre de l'humain, en la circonstance, est de différer, pour une longue louange du corps féminin, ce que la bête accomplit dans l'instant. Aussi use-t-il de ce ventre - rivage bouclé sur soi - comme le flot fait de la plage, la violence primitive s'y résolvant en caresses d'écume.François Solesmes (extrait)
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