L'illusion d'une croissance perpétuelle !

Aux grands mots, dont nous souffrons, il faut de grands remèdes. Ils doivent BOULEVERSER notre société, l'engager dans une toute autre manière de fonctionner. Il faut prendre des mesures qui, à l'horizon d'une génération, nous inscrivent progressivement dans le modèle du futur.
Nos sociétés ne peuvent plus fonctionner dans la perspective d'une croissance perpétuelle. Une croissance forte est impossible techniquement et écologiquement. Les échappatoires tentées ont amené le néolibéralisme financiarisé mondial et le détricotage de l'état providence. Elles ont reporté, de sommet en sommet, des mesures, pourtant urgentissimes pour l'écologie. Les gains de croissance, devenus résiduels et non durables, dans les pays riches, se font par une compétitivité à tout prix.  C'est-à-dire la croissance des inégalités qui atteignent des sommets.
Les croissances  dans les pays émergents mettent en concurrence, à l'échelle planétaire, des salariés de plus en plus qualifiés, avec le soutien (complice) de l'OMC, partisane du libre-échange. Ce jeu de vases communicants descendra, dans 30 ans, notre niveau de vie moyen au quart de ce qu'il est aujourd'hui.
Sans perspective de croissance mondiale et avec un environnement dramatique pour les plus pauvres nous allons vers un avenir menaçant pour la paix sociale.
Que faire ?
Une production adaptée aux besoins doit être répartie de manière plus égale.
Première base :
Se partager et organiser les tâches autrement. Réduire fortement le temps de travail : 30 heures et étendre le domaine de l'auto-production : alimentaire, bricolage et service à domicile.  Favoriser l'agriculture biologique paysanne de proximité. Soutenir, développer l'entrepreneurial social, l'éconmie sociale et solidaire. Protéger les PME de la concurrence déloyale des grands groupes. Mettre fin au gigantisme des banques et séparer les dépôts et les banques d'affaires.
Seconde base :
Lutter contre toute démesure. Supprimer les paradis fiscaux, instaurer une fiscalité réellement progressive sur les revenus et le capital. Lancer un grand emprunt national pour faire jouer à fond la solidarité. Mettre en place l'indispensable protectionnisme, mais négocier des coopérations avec l'étranger, pour garder ce qui est nécessaire de notre industrie, tout en permettant plus d'égalité internationale.
Troisième base :
Plus d'égalité, c'est meilleur pour tous, instaurer un revenu minimum inconditionnel. Mettre en acte l'égalité citoyenne en interdisant tout cumul de mandat, développer la démocratie délibérative étendue à tous les résidents.
C'est elle qu'il faut mobiliser en convoquant les "Etats généraux" du pays, pour faire face à cette crise sans précédent.
Marc Humbert, professeur d'économie politique à la faculté de Rennes 1 (Ouest-France)

Nous sommes entrés dans une guerre mondiale économique ...
Une révolution mondiale s'impose. Commençons chez nous ? nous avons déjà fait !