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Droits de l'homme et devoirs des gouvernants !!!
[Strictement personnel] Un homme droit (de l’homme)
Dans la France d’autrefois, à cette belle époque où elle était un « vieux pays », mais cher à la quasi-totalité de ses habitants, autrement dit à ses peuples premiers, lorsque passait un convoi funéraire, les agents arrêtaient la circulation, les hommes ôtaient leur chapeau ou leur casquette, les militaires se figeaient au garde-à-vous et les femmes se signaient tandis que sonnait le glas de l’église la plus proche…
Dans les jours qui ont suivi la disparition de Robert Badinter, de l’annonce de sa mort à la cérémonie de la place Vendôme, la France d’aujourd’hui, fragmentée, divisée, archipélisée, a donné le spectacle, si rare, de l’unisson dans la ferveur, la tristesse et le deuil devant le cercueil d’un homme de passion, de principes et de rectitude.
Ni pratiquant ni même croyant, Robert Badinter avait fait du sixième commandement du Décalogue « Tu ne tueras point » la boussole de sa vie et, de fait, il aura mené jusqu’à la victoire le combat pour l’abolition de la peine de mort en France. Depuis près d’un demi-siècle, l’horrible machine à couper en deux les hommes au nom du peuple français a été mise au rencart et c’en est fini des rendez-vous qu’organisait, avant la levée du jour, un protocole immuable et sinistre entre le procureur, les juges, les avocats, les condamnés, la société et la mort.
Cette bataille, mère de toutes ses plaidoiries depuis la double exécution de Buffet et Bontemps, en passant par le verdict arraché dans l’affaire Patrick Henry contre toutes les prévisions et probablement contre la majorité de l’opinion, a fait entrer le nom de Robert Badinter dans notre Histoire. On ne mettra pas ici en doute la sincérité du grand avocat, pas davantage la noblesse de ses arguments. Il s’en faut pourtant, en ce qui me concerne, que j’aie été convaincu par ses raisonnement. Il s’en faut aussi, et ceci semble échapper ces jours derniers aux commentateurs et plus généralement au public, que la peine capitale ait aussi radicalement disparu dans les faits qu’elle a disparu, dans notre droit, du Code pénal.
Robert Badinter affirmait sans cesse que la peine de mort n’est pas dissuasive et il est de fait que la silhouette et la menace de la Veuve n’ont jamais suffi à dissuader un certain nombre de coupables de passer à l’acte. Mais, parallèlement, il était prévisible et il s’est clairement vérifié que l’abolition n’a eu aucun effet positif sur la courbe des violences et du crime. L’abolition a, en revanche, permis à un nombre, certes relativement faible, de criminels inamendables, irrécupérables et donc impardonnables, de « monstres », d’échapper au châtiment suprême, comme on disait, pourtant le mieux à même de correspondre à leur dossier.
Leur personnalité, leur perversité, voire leur fanatisme religieux ou politique sont tels que certains tueurs en série, d’ailleurs parfaitement conscients de leurs actes, ont le goût, éprouvent du plaisir ou ressentent la nécessité d’assassiner telle ou telle catégorie de leurs « semblables ». L’apport de Marc Dutroux, de Michel Fourniret, de Nordhal Lelandais, des frères Kouachi, de Khaled Kelkal ou de Mohammed Merah voire leur appartenance à l’humanité me paraissent négatifs ou douteux. En revanche, leur capacité de nuisance, en l’absence de toute circonstance atténuante, et leur dangerosité me paraissent incontestables.
Méritent-ils de vivre ?
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Tags : homme, badinter, mort, droit, robert
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