• Il parait que tous les hommes naissent libres et égaux ...

    Ce monde que j’abhorre

     

    Par Fabrice Nicolino

     

    Il y a les nouvelles insignifiantes du monde, celles qui dominent du matin au soir. Celles qu’on entend et qu’on voit, celles que l’on lit. Une petite mémé est morte d’une infection à la listeria dans le Nord-Pas-de-Calais. Une pauvre gosse a été tuée, éventuellement martyrisée, à Romorantin. Un avion s’est crashé dans les Alpes. Ces faits-divers sans aucun intérêt, au-delà des familles, et quelle qu’en soit la charge dramatique, saturent l’espace public. Jusques et y compris dans le domaine des livres et de la culture. Ne loue-t-on pas ces jours-ci Régis Debray pour son énième livre que personne ne lira jamais ?

     

    Or il existe des nouvelles autrement fracassantes. On apprend ainsi que si les humains consommaient de la même façon que nous, il faudrait 2,9 planètes pour satisfaire les appétits de tous (ici). Je gage que l’on peut passer des saisons entières à réfléchir sur le sens d’une information à peu près documentée. Moi, j’en resterai à quelques commentaires. D’évidence, TOUS les propos politiques et moraux en deviennent ipso facto illégitimes. N’avons-nous pas – nos ancêtres proches – rêvé l’universalité des valeurs morales ? 1789, avec sa Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, c’était exactement cela. L’affirmation, l’assurance que tous les hommes de cette petite Terre sont égaux, et qu’il faut donc partager en frères ce qui existe. Pardon, mais le programme n’a pas été tenu. Nous sommes des goinfres irrépressibles. Des monstres qui aimeraient tant passer pour de braves gens. Seulement, nous préférons de loin saisir tant qu’il est temps ce qu’on peut encore arracher pendant quelques années aux écosystèmes. Car pour le reste, tous aux canots du Titanic, et vogue la galère.

     

    Si nous étions sérieux, il va de soi que nous n’accorderions plus aucun intérêt aux vaticinations de notre monde égotiste. Je l’ai déjà écrit trente fois ici : je ne vote pas, et je dois reconnaître que j’en suis fier. Car ce monde atroce, qui préfère parfois évoquer la crise démographique – réelle – avant son écrasante responsabilité dans la destruction du vivant, ce monde est détestable. Et je le déteste. Et je l’abhorre. Et j’aurai rêvé toute ma vie sa pleine et entière destruction.

     

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