L’histoire est une ruse. Elle ne rebondit que rarement où on l’attend. Elle a néanmoins sa cohérence qui s’inscrit dans le temps long des grandes fractures. Avec le déconfinement, ce sont les Érinyes, ces divinités infernales de la mythologie grecque, qui ont été d’abord déconfinées, et même comme libérées de ce qu’ils leur restaient d’inhibitions. Tout se passe comme s’il était minuit moins le quart avant un monde d’après qui n’est certainement pas celui imaginé par le Président de la République. Un sentiment d’accélération vers la désagrégation s’installe.
Rarement ce qui fait lien aura paru si malmené. Les paramètres en sont connus depuis des décennies, mais ils virent progressivement de l’orange au rouge. Après des semaines de contestations de la police, sur fond à peine dissimulé de revendications indigénistes et racialistes, de remises en question parallèle d’héritages historiques, deux événements tragiques catapultent l’actualité en moins de quelques jours et tracent ainsi la métaphore du moment. Le lynchage à mort d’un chauffeur de bus à Bayonne et le fauchage d’une gendarme dans l’exercice de ses fonctions dans le Lot-et-Garonne viennent d’un coup rattraper l’Etat
(Valeurs actuelles)