La manif est morte

 Grosso modo, les manifs avaient un sens, que l’opinion publique percevait sans ambiguïté – même lorsqu’elle en désapprouvait l’objet. Avec la multiplication des casseurs, et l’accroissement concomitant de leur capacité de violence ; avec les images qu’en fournissent en boucle, et jusqu’à l’écœurement, les chaînes d’info ou les i-Phones des témoins, plus aucune manif n’a vraiment de signification propre. On n’en perçoit et on n’en retient que la brutalité, les incendies, les gaz lacrymogènes, les coups de pied ou de poing, les vitrines pillées, l’absurdité des destructions de biens privés ou publics. J’ai le regret de l’annoncer ici : désormais, la manif est morte. Elle a perdu sa fonction. Elle disparaît du champ de l’expression démocratique. Elle n’existe plus, dans l’esprit du public, que comme un prétexte à pillages et à violences.

 La preuve ? Ce lundi, personne ne parle plus de l’objet même de la mobilisation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Le seul sujet de conversation ou de reportage reste la queue de flammes et de verre brisé par laquelle le défilé des opposants s’est achevé. La manif ne véhicule plus les revendications de ceux qui l’organisent et la pratiquent. J’en dirais autant d’une autre institution démocratique : le référendum. Lui aussi est moribond, pour ne pas dire assassiné et enterré. Personne n’y répond plus à la question posée. À chaque fois, ce type de consultation populaire se résout en misérable plébiscite pour ou contre le pouvoir en place – pour ou contre l’équipe dirigeante qui rédige la question…
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