Le train palpite obstinément
sur les rails luisants
fuyant les flancs vert clair de collines
tachetées d’ombre alternée de nuages,
fuyant l’écume blanche des vergers,
de grappes de pommiers et de cerisiers en fleur,
fuyant les vastes prairies luxuriantes,
riches de primevères,
et les pas lourds des chevaux et des corps de laboureurs aux dos cassés,
fuyant la lueur du ciel dans des flaques et des eaux étincelantes
le train palpite obstinément
sur les rails continus
repoussant la grâce verdoyante
du vêtement délicat d’avril;
mes désirs font de même
ils repoussent ces choses qui sont derrière
le désir d’horizons.
John Dos Passos