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Nous sommes tous des assassins ...
Trop bêtes pour réagir ?
Par Emmanuel Tellier
Les données sont glaçantes, le diagnostic sans ambiguïté : l’extinction de masse des animaux ne cesse de s’accélérer – 58 % des vertébrés ont disparu en quarante ans. Un désastre d’une telle ampleur qu’il faut désormais parler de « défaunation » et d’un inédit « anéantissement biologique ».
Ces termes sont ceux employés par les auteurs d’une gigantesque étude [1] portant sur l’examen de 27 600 espèces. Ils ont cherché à quantifier le déclin des populations animales et de leurs territoires de vie et, sans surprise, les deux érosions sont liées : le lion d’Afrique, pour ne citer que lui, ne survit plus que dans 25 % de son aire de répartition historique ; les lions étaient 200 000 au milieu du XXème siècle, ils ne sont plus que 35 000. La menace concerne 29 % des espèces animales – dont la moitié risque la disparition. Et si vous pensez que l’Europe n’est pas concernée, sachez qu’en France, le chardonneret a enregistré une perte de 40 % de ses effectifs en dix ans. Du jardinier du dimanche qui saupoudre ses plates-bandes de Roundup assassin à l’exploitant céréalier indifférent à la disparition de toute vie dans ses champs, l’Homo erectus modèle XXIème siècle brille par son coupable aveuglement. Avouons-le, les causes de la catastrophe sont si nombreuses – agriculture de masse, déforestation, extraction minière, urbanisation, pollution, surpêche, braconnage – qu’il peut être tentant de se cacher derrière un pratique : « que puis-je y faire à mon niveau ? »
Sauf que l’enjeu est là : dans la prise de conscience, par chacun, que nous sommes collectivement coupables de détruire l’écosystème de la planète.
Télérama N° 3523 du 19 juillet 2017
Altermonde-sans-frontières
Tags : sommes, assassins, nature, animaux, mortalité en masse
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