• A cheval sur l'étiquette ...

    Des caractères d’au moins trois millimètres de hauteur : c’est ce que souhaitait la Commission européenne, arguant du fait que, sur les étiquettes des produits alimentaires, « les mentions obligatoires doivent être facilement compréhensibles et visibles ». Le lobby agroalimentaire a travaillé dur. Et a gagné. Après trois ans de négociations au couteau pour que le consommateur puisse, dixit Bruxelles, « faire des choix éclairés », les États membres se sont mis d’accord pour imposer d’ici à la fin de l’année des étiquettes dont les caractères ne dépasseront pas… 1,2 millimètres.

     À la fin de l’année, vraiment ? Selon le nouveau règlement, l’étiquetage nutritionnel doit entrer en vigueur dès le 13 décembre. En réalité, il n’y aura rien d’obligatoire avant décembre 2016, Bruxelles ayant laissé deux ans de plus aux industriels pour se mettre au carré…

    Autre recul : la Commission européenne s’est contentée de généraliser à tous les aliments ce qui existait déjà depuis 2006 pour les produits avec allégations santé. À savoir le nombre de calories pour une portion de 100 grammes ou de 100 millilitres, idem pour la quantité de lipides, d’acides gras saturés, de glucides, de sucres, de protéines et de sels.

    Et encore : l’autre grande victoire des industriels, c’est d’avoir tué dans l’œuf une idée réclamée depuis des lustres par les associations de consommateurs : un feu tricolore qui permet de repérer d’un seul coup d’œil sur l’étiquette les ingrédients bons ou mauvais pour la santé. Par exemple, du rouge pour ceux saturés de sucres, de mauvaises graisses ou de sels. Ce système, le ministère de la Santé britannique l’a adopté cet été. Bruxelles s’est aussitôt ému et a fait comprendre aux britiches qu’ils ne devaient pas le rendre obligatoire.

    Aucun risque qu’un tel système voit le jour chez nous. Bien que le PNNS, le Programme National Nutrition Santé, le recommande dans son dernier rapport, Matignon et le ministère de l’Agriculture y sont allergiques. Et l’Ania, l’Association nationale de nos industriels de l’alimentation, veille au grain : « Ces systèmes d’étiquetage, a ainsi récemment expliqué la directrice qualité-nutrition de l’Ania, remettent en question la notion d’équilibre nutritionnel global en segmentant l’offre entre "bons" et "mauvais" produits ».

    Une phrase qui mériterait de figurer sur les étiquettes !...

    Le Canard Enchaîné N° 4872 du 12 mars 2014
    Altermonde-sans-frontières

    A cheval sur l'étiquette ...


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