• Encore un lobby malhonnête ...

    Agriculture : une civilisation bascule

    Par Yves Paccalet

     

    Ils manifestent. Ils répandent du purin dans les rues. Ils bloquent les accès à Caen, au Mont-Saint-Michel, à Lascaux. Les petits éleveurs se battent : nombre de leurs exploitations (plus de vingt mille) sont en quasi-faillite. Dans notre société, toutes les catégories sociales sont « en colère » tour à tour. Pour les petits éleveurs, c’est justifié. Mais le malheur que dénoncent ces damnés de la terre n’est pas vraiment « la faute du gouvernement ». Il résulte de notre folie collective, et d’abord de l’égoïsme qui caractérise les industriels et les gros commerçants. L’agroalimentaire et les grandes surfaces…

     

     Notre société pousse les paysans en général, les éleveurs en particulier, à s’engager dans une filière de production qui se referme sur eux comme un piège. Seuls s’enrichissent quelques nababs céréaliers ou betteraviers, dont le bras armé est la toute puissante FNSEA, conduite par Xavier Beulin, ce millionnaire aux 500 hectares, du reste président de Sofiprotéol (biodiesel, 5,5 milliards de chiffre d’affaires en 2009, « en situation de rente » selon la Cour des comptes). On voit monter la jacquerie. Les « petits » en ont marre de se faire essorer, pressurer, surexploiter par les négociants de l’agroalimentaire, qui leur achètent leurs produits trois fois rien, et les revendent avec un juteux bénéfice à la grande distribution, laquelle se bourre les poches en abreuvant les consommateurs de publicités sans vergogne : « Qui est le moins cher ? C’est Leclerc ! », « Avec les Mousquetaires, tous unis contre la vie chère »… Après avoir été contraints de baisser et de baisser encore leurs prix, les petits producteurs en viennent à vendre à perte. Les voilà exsangues, pieds et poings liés devant leur banquier…

    Nous autres, les écologistes, les vrais amis de la paysannerie et de la terre nourricière, nous avions décrit d’avance ce désastre. Les technocrates nous ont traités de « passéistes » et répondu que les gains de productivité et la concentration des exploitations agricoles seraient, à terme, bénéfiques aux agriculteurs. On voit le résultat. Lorsque j’étais enfant, dans les années 1950, au hameau de Tincave (commune de Bozel, Savoie), j’aidais aux travaux des champs. En ce temps-là, les enfants bossaient dur après l’école ! Mon grand-père avait des chèvres, des moutons, un cochon, des lapins, des poules et une dizaine de vaches (des tarines aux yeux maquillés de noir)… Nous faisions les foins : c’est tout ce que le bétail aurait à manger en hiver (les agronomes actuels appellent cela l’« autosuffisance alimentaire »). Nous conduisions les vaches à l’alpage en été. Nous portions le lait à la « cave » où le « fruitier » fabriquait les « tommes » (les fromages de beaufort…). J’ai appris à traire (à la main : aucune machine disponible), j’ai sorti le fumier de l’étable à la fourche, j’ai aidé des vaches à faire le veau, j’ai gardé le troupeau dans la montagne dès l’âge de cinq ans, sous la responsabilité d’un « grand » de huit ans…
    http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article29014

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