Pourquoi le plaisir de la lenteur a-t-il disparu ?
Ah, où sont-ils, les flâneurs d’antan ?
Où sont-ils, ces héros fainéants des chansons populaires,
ces vagabonds qui traînent d’un moulin à l’autre
et dorment à la belle étoile ?
Ont-ils disparu avec les chemins champêtres,
avec les prairies et les clairières,
avec la nature ?
Un proverbe tchèque définit leur douce oisiveté par une métaphore :
ils contemplent les fenêtres du bon Dieu.
Celui qui contemple les fenêtres du bon Dieu ne s’ennuie pas ;
il est heureux.
Dans notre monde,
l’oisiveté s’est transformée en désœuvrement,
ce qui est tout autre chose :
le désœuvré est frustré,
s’ennuie,
est à la recherche constante du mouvement qui lui manque.
Milan Kundera