• J'ai fait mienne la lenteur ...

    J'ai fait mienne la lenteur ...


    Pourquoi le plaisir de la lenteur a-t-il disparu ?
    Ah, où sont-ils, les flâneurs d’antan ?
    Où sont-ils, ces héros fainéants des chansons populaires,
    ces vagabonds qui traînent d’un moulin à l’autre
    et dorment à la belle étoile ?
    Ont-ils disparu avec les chemins champêtres,
    avec les prairies et les clairières,
    avec la nature ?  
    Un proverbe tchèque définit leur douce oisiveté par une métaphore :
    ils contemplent les fenêtres du bon Dieu.
    Celui qui contemple les fenêtres du bon Dieu ne s’ennuie pas ;
    il est heureux.

    Dans notre monde,
    l’oisiveté s’est transformée en désœuvrement,
    ce qui est tout autre chose :
    le désœuvré est frustré,
    s’ennuie,
    est à la recherche constante du mouvement qui lui manque.
    Milan Kundera


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