En vogue en Occident, l’idée d’un revenu universel de base est en phase d’essai dans un pays qui cherche une solution à l’extrême pauvreté.

 Une étude économique présentée par les autorités de New Delhi fin janvier évoque la mise en place d’un revenu universel de base (RUB). En vogue en Occident, l’idée avancée par le conseiller économique du gouvernement, Arvind Subramanian, n’est pas nouvelle en Inde non plus : un dispositif semblable est testé dans l’État du Madhya Pradesh depuis 2010. Mais la récente publication donne des précisions. Le montant annuel du RUB serait de 7 620 roupies, soit 107 euros. Si cela représente moins d’un mois de salaire minimum, ce dispositif permettrait de ramener la pauvreté absolue de 22 % à moins de 0, 5 %, dans ce pays qui abrite plus du quart des personnes les plus déshérités du monde.

Le conseiller gouvernemental indique également la façon dont le système serait financé. L’argent proviendrait essentiellement des fonds aujourd’hui distribués par quelque 950 canaux de prestations sociales, qui permettent d’accorder des subventions pour la nourriture, l’eau, les engrais et beaucoup d’autres choses. Au total, ces prestations représentent environ 5 % du PIB, soit l’équivalent de ce que coûterait le RUB. Et ce revenu serait aussi versé aux milliardaires ? Oui, s’il est vraiment universel. Ce qui pose problème. Difficile en effet d’expliquer à un fermier illettré que les dons de nourriture dont il bénéficie depuis des lustres vont être remplacés par un système qui lui versera la même somme qu’au nabab qui habite une tour à étages.

En vérité, le projet d’Arvind Subramanian n’est pas vraiment à vocation universelle : pour que son chiffrage fonctionne, il faudrait que seulement 75 % des Indiens acceptent de toucher le RUB. Ce qui se ferait, soit au travers d’une sélection sur critère de ressources, soit par le refus volontaire des plus riches à être inclus dans le programme. Pour l’économiste, le RUB « est une grande idée dont, s’il est peut-être trop tôt pour le mettre en place, il est temps de discuter sérieusement ».

Challenges N°510 du 23 février 2017
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