Prenez des chevaux en bonne santé, envoyez-les dans une ferme laboratoire à Alba-la-Romaine (Ardèche) et faites leur produire des anticorps contre la rage, le tétanos et différents venins de serpent. Par exemple, pour fabriquer du sérum polyvalent antivenimeux, que Sanofi-Pasteur vend en Afrique, il suffit de prendre un cheval et de lui injecter chaque semaine, en augmentant les doses, du venin détoxifié, prélevé chez les dix espèces de serpents les plus dangereuses, de la vipère du Gabon au naja cracheur à cou noir.

Un traitement de cheval qui va enclencher chez la brave bête une production mahousse d’anticorps. Quand le sang de l’équidé a suffisamment fait le plein d’anti venin, on en récupère tant qu’on peut (sans tuer la bête). Une véritable usine à sang qui va tourner pendant trois ans, jusqu’à ce que, lessivé, le système immunitaire ne fabrique plus assez d’anticorps. Même mode d’emploi peu ou prou, mais avec des virus et des bacilles, pour les sérums antirabique et antitétanique. Une fois réformés, les chevaux sont revendus 10 euros. L’acheteur doit juste s’engager à ne pas les envoyer à l’abattoir. Maigre précaution, qui n’a pas empêché une soixantaine de chevaux d’être rachetés par un maquignon du Gard, puis refourgués, moyennant 300 à 800 euros pièce, à la Narbonnaise des viandes.
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