• Des étés de porcelaine ...

    Pascal Praud dans le JDD

    L’été comme aucune autre saison ouvre le grenier de nos souvenirs. Promenade nostalgique dans les beaux jours des Trente Glorieuses.

    En juillet 1980, mon amoureuse s’appelait Sylvie. Je dis mon amoureuse pour faire joli puisque amoureuse, elle l’était, mais d’un autre. J’avais 15 ans. Je passais les mois d’été au Pouliguen, plage du Nau. Mes parents ont annexé quelques mètres carrés de la plage du 1er juillet au 31 août entre 14 heures et 18 heures depuis 1960. Nous étions nantais. Il n’y avait pas d’atlas à la maison et Mappy n’existait pas. Nantes-Le Pouliguen, Le Pouliguen-Nantes en 4L ou en R16 seraient nos voyages les plus longs. Depuis plus de cinquante ans, mes parents posent leurs serviettes de plage et leurs chaises pliantes à la même place, auprès des mêmes amis.

    Je viens chaque année en pélerinage plage du Nau. Les tentes rouges volent au vent. Je prends le chemin des planches. J’aperçois ma mère et ses amies puisque toutes ces dames sont désormais seules. Appelons-les le clan des veuves. Les hommes ont débarrassé le plancher, rappelés à Dieu en éclaireurs. Avant le grand voyage, ils avaient célébré les noces d’or, parfois celles de diamant. Seul mon père n’a pas suivi le mouvement. Au ­Koh-Lanta du ­Pouliguen, mon père a gagné l’épreuve des poteaux. Il est le survivant.

     

     

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