Par Jean-Luc Porquet

Vous arrive-t-il parfois de penser à Edward Snowden ? Ou l’avez-vous déjà passé par pertes et profits ? Savez-vous que, depuis bientôt deux ans, il est coincé à Moscou ? En êtes-vous encore à ricaner de ce paradoxe selon lequel un type qui dénonce, au nom des libertés fondamentales, le flicage le plus massif jamais mis en place dans ce monde mondialisé se réfugie chez Poutine ? Vous souvenez-vous qu’il avait demandé l’asile politique à de nombreux pays dont la France ? Et que tous ont refusé ? Qu’en juin, 52 personnalités, de Michel Rocard à Rony Brauman, avaient appuyé sa demande, indiquant au passage que, la France s’enorgueillissant d’être la patrie des Droits de l’Homme (et du Rafale), il serait parfois bon que les actes suivent ? Vous souvenez-vous que Hollande et Valls, grands amis de la liberté (et de l’esprit Charlie), leur avaient opposé une fin de non-recevoir ?

 Dans « Citizen Four », actuellement sur les écrans, on fait la connaissance d’Edward Snowden, filmé au moment où il vient de se réfugier dans la chambre d’un hôtel de Hongkong. Ce lundi 3 juin 2013, ce jeune homme à binocles de 29 ans, à peine barbichu, affable et concentré, lèvres serrées, s’apprête à déclencher une tempête : preuves en main, il va montrer comment le gouvernement américain et ses alliés se sont donnés, grâce aux réseaux électroniques, les moyens d’espionner en permanence la terre entière. Face à lui, les deux journalistes qu’il a choisis pour publier ses révélations, Glenn Greenwald et Laura Poitras (qui filme). Snowden les a approchés avec d’infinies précautions, courriels anonymes cryptés, mots de passe, etc. Il leur a donné rendez-vous dans cette chambre. C’est la première fois qu’ils se voient. L’essentiel du film s’y déroule.
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