Elisabeth Lévy et Gil Mihaely
Pour avoir dénoncé dans son pays l’entente tacite entre les militaires et les islamistes, Boualem Sansal est devenu la cible d’un parti dévot et la bête noire du pouvoir. Le romancier, qui estime que l’islam a tué la culture, tire pour nous la sonnette d’alarme: la France est en pleine régression, et a atteint un point de bascule. Propos recueillis par Elisabeth Lévy, Gil Mihaely et Jean-Baptiste Roques.
Causeur. Dans votre roman Vivre, un petit groupe d’« appelés » apprend que la Terre va bientôt disparaître. Ils ont la possibilité de sauver une partie de l’humanité, qu’ils appellent les « élus ». Que nous raconte ce terrible impératif de sélection ?
Boualem Sansal. Le dilemme fait partie de la condition humaine ! Ce qui est nouveau et terrifiant ici, c’est l’immensité de l’opération et le délai imparti, sept cent quatre-vingts petits jours pour choisir, parmi les 8 milliards d’habitants de la Terre, les 3 à 4 milliards qui seront sauvés. C’est mission impossible à tous points de vue, organisationnel, matériel, moral, politique, religieux. Les appelés refusent cette responsabilité, puis s’y résignent. Ne pas le faire, c’est voir l’humanité disparaître, accepter, c’est en sauver une partie qui pourrait sur une autre planète s’inventer une nouvelle vie, fonder une nouvelle humanité. Le rêve.
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