• Je pense comme lui ...

    Par Patrick Mignard

     Mais que commémore-t-on au juste quand on commémore ? Une commémoration c’est un peu comme un repas qui suit des obsèques… On honore celle ou celui qui est parti/e mais autour de la table on doit supporter des personnages que l’on n’aurait pas du tout envie de voir et fréquenter. Et pourtant on peut difficilement faire autrement… Et cela est d’autant plus vexant que finalement c’est pour les vivants que l’on commémore les morts… Et l’on se voit mal – encore que… - faire le tri entre celles et ceux que l’on accepte à la cérémonie.

    Une commémoration est forcément un lieu d’intense hypocrisie. Non seulement on ne peut pas y dire ce que l’on pense – des présents – mais il faut en plus supporter la présence d’individus dont on n’est pas du tout sûr qu’ils soient en adéquation avec les hommes et les valeurs que l’on évoque. Leur présence est tout à fait fortuite et ne tient qu’à leur place officielle qu’ils utilisent impunément pour capter une partie, sinon la totalité, de ce que l’on honore. Ils espèrent perfidement que la noble cause qu’ils évoquent, avec des trémolos dans la voix, laisse quelques traces positives sur la misère politique qu’ils incarnent.

    Il y a là un véritable détournement de notoriété et souvent je ne peux m’empêcher de penser : « Mais que fout-il dans une telle manifestation avec les idées et les pratiques qui sont les siennes ? », « Que penseraient celles et ceux qu’il a la prétention d’honorer s’ils le voyaient ainsi parler d’eux ? ». Le cérémonial officiel de la commémoration dans son désir de faire bien n’est que le cache sexe de l’hypocrisie de notre société. Ainsi, une fonction officielle donne, à certains/nes, le droit de salir des valeurs pour lesquelles des femmes et des hommes ont donné leur vie, exactement comme des élus/es qui, au nom du suffrage universel, se permettent de se comporter comme des malfrats (des noms ?).

    Ne nous méprenons cependant pas… Le devoir de mémoire est nécessaire et sain dans toute société, il fait partie de sa construction, nous ne pouvons pas en faire l’économie. Le souvenir du caractère exemplaire d’actions et de luttes justes doit être entretenu, diffusé rappelé, mais n’oublions pas que, comme tout, dans notre société, il peut être détourné, confisqué par des individus peu recommandables et mis au service de finalités qui lui sont totalement étrangères.

    Honorer des morts et la cause qu’ils ont défendue peut se faire autrement qu’en la compagnie d’hypocrites endimanchés. C’est pour cela que j’évite le plus possible les enterrements et surtout les commémorations !...

    Patrick Mignard
    Le 5 juin 2014

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