Bien calée au contrefort de pierre du vieux rempart,
les genoux ramenés sous son menton
et serrés par ses bras,
elle écoute la voix du torrent.
Pas l'habituel clapotis que toutes les oreilles peuvent entendre, non, sa voix.
Celle appuyée sur la montagne.
Chaque année,
quand elle arrive ici,
elle s'assoit et attentive à la cavalcade des eaux,
elle remet peu à peu en place sa respiration,
une remise à neuf en quelque sorte.
Cette sorte de rituel,
on dirait que le torrent s'en souvient
qui immédiatement l'épouse comme si,
depuis toujours,
il attendait qu'elle arrive,
qu'elle soit là,
à l'endroit exact où elle est maintenant.
Ile Eniger (extrait)