• Notre César, le treizième !!!

    Il y a bien des manières de lâcher les lions dans Rome pendant que l’ennemi extérieur guette aux frontières et que l’ennemi intérieur pourrit et paralyse tout ce qui restait de force saine dans le pays.
    On fait une grande opération de bascule qui amène en haut ce qui était en bas, et en bas ce qui était en haut.

    On crée ou on tolère une supermode, où s’engouffre cette masse. Elle s’y engouffre parce qu’elle est sans personnalité, et parce qu’elle est lâche, deux conditions pour qu’une mode prenne.

    Grâce à la supermode, on mène cette masse où l’on veut, c’est-à-dire à sa destruction.

    Car nous penchons trop à croire que le treizième César ne sait pas ce qu’il fait, alors qu’il le sait très bien, et sous les apparences d’une action hurluberlue, poursuit méthodiquement un dessein affreux.

    Celui qui a vu une fois cette grande masse amorphe, qui pense, dit et fait à l’instar, et qu’on mène à sa perte, envoûtée par cet « instar », inconsciente qu’on l’y mène, furieuse contre qui lui montre qu’on l’y mène, celui-là peut dire qu’il a vu l’enfer. L’homme qui fait une chose parce que ça se fait, je le connais bien: il a un visage de damné. Il n’y a pas de fosse chez Dante pour les grégaires, mais j’en ajoute une, pour eux.

    Le treizième César, qui a détruit un peuple, est satisfait: quand un prince veut « faire de l’Histoire », il la fait toujours sur le dos de ses compatriotes; un prince n’entre jamais mieux dans l’Histoire que par ses crimes. Néron brûle Rome pour qu’on parle de lui, et on a parlé de lui.

    Ensuite, il arrive que les lions dévorent celui qui les a lâchés. Ce qui peut se dire aussi : qui a ouvert l’égout périra par l’égout. »
    Henry de Montherlant - Le treizième César

     

    Notre César, le treizième !!!


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