• Nous autres, les dépossédés !!!

    [Livre] Les Dépossédés, de Christophe Guilluy : le retour des « gens ordinaires » ou le chaos

    Sabine de Villeroché

    Il faut saluer la constance de Christophe Guilluy à se faire, une fois encore, la voix de ces grands oubliés, pourtant majoritaires en France, qu'il nomme cette fois Les Dépossédés. Exclus géographiques, écartés de l'espace économique, ignorés des et d'un cinéma qui ne les représente plus, méprisés par les politiques qui ne s'intéressent plus à eux, les « dépossédés » sont incessamment caricaturés, humiliés et méprisés.

    Infatigable observateur de la géographie et de la sociologie de cette France des villes et des banlieues, des champs et des périphéries, Christophe Guilluy, tire, avec Les Dépossédés, un implacable bilan : en les laissant pour compte, les classes dominantes ont définitivement dépouillé les catégories populaires de leurs biens matériels. Pire encore : elles ont aussi confisqué leur immatériel.

    Une justesse d'analyse qui, dès la parution de son premier ouvrage, Atlas des nouvelles fractures sociales (coécrit avec Christophe Noyé), et la révélation de Fractures françaises (Bourin Éditeur) et de La (Flammarion), a valu à Christophe Guilluy sa mise au ban par des universitaires pour « avoir touché à la thématique identitaire », selon les mots d'Eugénie Bastié. Et ne serait-ce que parce que Libé l'a traité de « [Michel] Onfray de la géographie », on en redemande ! Car, c'est vrai, avec Christophe Guilly, on parle du réel, on ne triche pas, on ne s'interdit rien : pas même les constats ni les mises en accusation.

    Cette dépossession géographique et matérielle est l'œuvre de cette gauche (celle qui a abandonné le pour le sociétal) qui, investissant les centres-villes, en a chassé les couches populaires. Responsabilité partagée avec ces enrichis de la mondialisation qui, à la faveur des confinements et du télétravail, se sont découverts un engouement pour le littoral français, raflant l'espace immobilier au détriment des locaux, incapables désormais d'habiter « là où ils sont nés ». Comme toujours, cette même classe populaire prend les grands mouvements migratoires de plein fouet sans bénéficier pour autant du même traitement de faveur que les nouveaux arrivés. En témoigne cette constatation sans appel : « c'est encore en Île-de France que l'ascension sociale des classes populaires est la plus forte. En Seine-Saint-Denis, la mobilité sociale est supérieure à 40 % alors que, dans l'Indre ou la Creuse, elle n'atteint pas 25 %. » Énième motif de ressentiment...
    https://www.bvoltaire.fr/livre-les-depossedes-de-christophe-guilluy-le-retour-des-gens-ordinaires-ou-le-chaos/

     

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