le mouvement des feuilles des arbres
donne au paysage des chemins
ou bien des boulevards
une vie particulière,
une vie rare et précieuse,
dense et secrète,
infinie
mais lorsque l’arbre est presque dénudé,
cette vie alors pleinement visible sans masque possible
derrière la masse disparue,
devient inouïe,
saisie dans un dépouillement
et une résistance d’une force et d’une émotion extraordinaire,
son mouvement en lutte en pleine lumière
qui devient une tragédie du sublime,
un chant de l’absolu,
cette vie juste précise,
attachée ici et là aux branches,
avec fragilité, à l’instant immuable
(malgré l’inéluctable qui attend les suspendues en sursis)
Pierre Cressant