• Par Jean-Claude Guillebaud

    Sommes-nous inattentifs, timorés, circonspects, moutonniers ? Pourquoi si peu de réactions après le jugement rendu dans l’affaire opposant le trader Jérôme Kerviel à la Société Générale ? Que Kerviel soit coupable, il ne nous appartient pas d’en juger, faute de connaître le dossier. Le contenu même de la condamnation, en revanche, est d’une loufoquerie humiliante pour la justice. Je parle de l’obligation faite au condamné (en plus des trois ans de prison) de « rembourser » 4,9 milliards d’euros. Sachons qu’à raison de 4 000 euros par mois il faudrait à Kerviel… cent mille années pour y parvenir ! Pourquoi se moque-t-on ainsi de la raison ?

    Ce n’est pas le plus grave. Que ce soit volontaire ou non, il est clair qu’un procès de ce type – comme celui qui a valu deux ans de prison et 5 millions de dollars d’amende à Rajat Gupta, ex-administrateur de Goldman Sachs – joue un rôle de leurre, encore faudrait-il écrire ce mot avec une majuscule. La vraie question pénale est d’une autre nature que ces « délits » particuliers. Posons-là : comment se fait-il que les organisateurs – principalement américains – de cette folie bancaire ne soient pas en prison ? N’ont-ils pas délibérément mis au point des « produits » financiers qui ont mis le feu au monde et ruiné des centaines de milliers voire des millions d’épargnants ? Or, ces « banksters » - comme on les appelle désormais à Washington – demeurent à l’abri de toute poursuite. Les auteurs de ce qu’on a pu appeler le « hold-up du siècle » (l’affaire des subprimes) courent toujours. Là gît un scandale si dérangeant qu’on préfère ne pas l’évoquer.

    C’est bien dommage car les peuples d’Europe, d’Amérique et d’ailleurs n’ont pas fini d’en payer les conséquences. Si j’aborde cette question, c’est en me référant à un livre stupéfiant [1] qui paraîtra le 9 novembre chez Gallimard. Son auteur, l’économiste Jean-Luc Gréau, n’a rien d’un « gauchiste » et ne roule pas pour Mélenchon. Il a travaillé de 1969 à 2003 pour le CNPF, devenu entre-temps le Medef. Il n’est pas soupçonnable de parti pris idéologique. N’empêche qu’aujourd’hui sa colère, sa révolte, son indignation font plaisir à voir. À la page 96 de son livre, on trouve ce constat : « Les prêteurs impliqués dans la distribution de crédits dits toxiques, dans différents pays, ont échappé à toute forme d’incrimination judiciaire ». Et pourquoi donc ? Parce que les différents lobbies bancaires ont fait accepter depuis longtemps au pouvoir politique une idée folle : la parfaite légalité de la « titrisation » (mise sur le marché des créances), une manœuvre de facto frauduleuse.

    D’après la réglementation normale des échanges commerciaux, le vendeur de n’importe quel bien, mobilier ou immobilier, qui se révélerait porteur d’un « vice caché » ou d’un défaut de fabrication dangereux pour les acheteurs, se retrouvera devant les tribunaux. Or, les « obligations pourries » comportaient bien des vices cachés qui ont répandu leurs métastases à travers le monde. Pourtant, grâce à leur influence, les banquiers s’étaient mis à l’abri de la règle juridique commune. Empoisonnées, létales, spéculatives : leurs activités n’étaient plus des infractions pénales. Ainsi les banques d’affaires ont-elle pu « plumer » en toute légalité leurs clients, qu’ils soient des particuliers ou des États. (Sauf en Islande, cela vaut la peine de le noter au passage ! Ndlr d’Altermonde) On trouvera dans ce livre éclairé d’autres analyses aussi neuves.

    Elles nous aident à voir à quel point cette « chose financiarisée » qui a jailli du bon vieux capitalisme ressemble à la créature effrayante, toute en mâchoires, qu’on voyait sortir d’un ventre humain dans le film « Alien » de Ridley Scott. Au secours !

    Le Nouvel Observateur N° 2504 du 1er Novembre 2012

     

    [1] « La grande récession (depuis 2005) », 240 pages


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  • Quelle différence entre le marché du travail français ou danois ?
    Au Danemark, la distance est plus courte entre un emploi potentiel et celui qui est à la recherche de travail. On licencie mais on embauche aussi plus facilement. Mais attention la flexisécurité n'est pas une garantie d'un taux de chômage bas. S'il n'y a pas de travail, elle ne créera pas de postes.Simplement elle permet aux entreprises de s'adapter.Et quand la demande repartira, le Danemark sera vraisemblablement un des pays le plus rapides à y répondre.
    La flexisécurité peut-elle s'adapter à la France ?
    Derrière la flexisécurité il y a 100 ans d'histoire, de négociations entre syndicats et employeurs. Il y a un respect, une appréciation mutuelle. Le Danemark est une petite société, un petit pays sans grosses entreprises où pratiquement tout le monde se connait. La confiance est la clé du système. Les partenaires sont toujours à la recherche de compromis. Nos société scandinaves sont égalitaires et bien différentes de la France où la société est hiérarchisée avec des classes sociales marquées.
    La confiance ? la clé du système ?
    Sans elle, ce serait comparable au systéme américain ou à la loi de la jungle. Il y a dans chaque entreprise, ce qu'on appelle le tillidsmand, l'homme de confiance, désigné par les adhérents du syndicat. C'est très danois, complètement dans notre culture et cela évite bien des conflits. Cet aspect-là fait que le système serait dfficile à appliquer en France.

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  • bilger.jpg Le 28 octobre, dans le Journal du Dimanche, l’Association Française des Entreprises Privées (AFEP), puissant mouvement de lobbying patronal, a lancé un appel alarmiste au président de la République comme s’il y avait un péril imminent en la demeure France. Derrière l’argumentation technique et le discours faussement neutre, ces grands patrons - 98 - se croient autorisés à donner des leçons au pouvoir de gauche, aux socialistes, parce qu’ils seraient naturellement sinon incompétents du moins à conseiller. À guider. Des élèves en formation. Qu’il y ait quelques personnalités de gauche parmi ces conseilleurs, je n’en doute pas et c’est une évidence. Mais, de droite ou de gauche, un certain patronat ne se laisse pas distraire de la ligne de ses intérêts.

    Toujours ce soupçon d’illégitimité, ce reproche implicite d’une intrusion démocratique. Il faudrait que le savoir, la compétence et le réalisme fussent reconnus ! Le suffrage universel est bien étrange qui porte à la tête du pays des gens auxquels nous ne sommes pas habitués ! Pourtant, lors du précédent quinquennat, l’AFEP n’est intervenue sur rien. Aucune injonction, aucune suggestion. À croire que sur le plan économique et financier tout se déroulait le mieux du monde. Mais silence dans les rangs patronaux. Quand on espère profiter d’un pouvoir, on n’a pas le temps de le sermonner : on attend patiemment qu’il ne vous oublie pas. On le cultive, on pactise, on ne fait plus qu’un. On s’enrichit. L’AFEP s’est réveillée. C’est normal puisque la gauche est là, maintenant. Elle a battu - par quelle méprise ? - la droite qui n’avait pas besoin, elle, d’être stimulée : elle parlait la même langue que les grands patrons. Il faut apprendre aux nouveaux occupants de la France - Jean-François Copé appelait récemment à la résistance - à calculer, à compter et à savoir bien doser les sacrifices. Pas toujours pour les puissants.

    J’en ai assez de cette droite - heureusement, elle n’est pas la seule dans l’espace politique - qui rime exclusivement avec argent, profit, diminution des charges, soutien au patronat, capital. J’aimerais aussi une droite du mérite, de l’effort, de l’équité, de la solidarité, du partage et de la justice. De la considération pour tous. Sans doute que ces exigences ne sont pas prioritairement celles de l’AFEP ? Je ne sais pas pourquoi, j’ai dans la tête une phrase du bateleur, du saltimbanque, du chanteur, de l’artiste Francis Cabrel qui dans le cours d’un face-à-face avec des lecteurs du Parisien, déclarait en substance que "quel que soit le montant de ses impôts il ne quitterait jamais la France".

    Cela n’a pas de rapport, c’est modeste face au lobbying massif, c’est singulier, Francis Cabrel ne donne pas de leçons, mais sa petite musique fait du bien quand la grosse caisse de l’AFEP sonne faux et creux. Entre le saltimbanque et les grands patrons, je n’hésite pas.

    philippebilger.com


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  • Défendre la cause animale en France est une mission aussi salutaire que difficile. Les lobbies, ces féodalités qui vicient la démocratie, dictent leurs lois. Ces jours-ci encore, la presse ignore les manifestations contre les corridas regroupant de nombreux militants, et relate complaisamment celles d’intégristes, moins nombreux, hostiles à la liberté matrimoniale des homosexuels. C’est que remettre en cause le statut d’objet de l’animal dérange les conformismes et bien des intérêts sordides.

    Au nombre des tortures inouïes infligées aux bêtes, ce pays ajoute à la chasse, à la corrida, au gavage, les abattages dits rituels au cours desquels la vache, le veau, le mouton sont égorgés sans étourdissement préalable et agonisent durant plusieurs minutes dans d’atroces souffrances. Ces pratiques cruelles sont inadmissibles d’un point de vue éthique, mais nombre de braves gens n’oseront pas le dire par peur d’être taxés de xénophobes ou pire de manquer de respect aux religions. Car nombre de pusillanimes capitulent devant le fait religieux qui justifierait tout. Non seulement, un mythe ne saurait justifier une quelconque férocité, mais l’abattage cruel contrevient radicalement aux principes mêmes qu’énoncent les monothéismes.
    Il suffit d’aller à la racine des doctrines pour s’en convaincre. Être radical ne signifie nullement être extrémiste, comme le croient les incultes. Cela signifie remonter à la cohérence de toute pensée. Alors, examinons les rites sanguinaires en lumière des proclamations des tenants des religions. Mon regretté ami, Théodore Monod, chrétien protestant croyant au ciel me dit un jour, à moi, athée, son interrogation face à deux dogmes de son culte : « Dieu est totalement bon. Dieu est également tout puissant. Or le mal existe. Comment expliquer qu’un dieu totalement bon et totalement puissant puisse générer le mal ? » et Théodore Monod de se répondre à lui-même : « Je pense qu’il est totalement bon mais sans doute pas totalement puissant » !
    Bien sûr, son dieu n’invitait pas ses adeptes à consommer des viandes d’animaux sacrifiés. Mais, les trois monothéismes se rejoignent sur leur affirmation du caractère bon, de compassion, de bienveillance de leurs dieux. Dès lors, comment admettre que ces « dieux d’amour » puissent exiger la torture d’un être sensible ? L’abattage rituel se révèle en contradiction avec cette générosité, cette pitié d’un dieu dispensateur du bien et négateur du mal. Y a-t-il pire mal que la souffrance infligée à un être sensible humain ou non-humain ? Au nom de cette miséricorde, l’adorateur d’un dieu quelconque devrait combattre ce mal absolu, fruit d’un enseignement certainement pas divin ! Refuser l’égorgement n’a rien de xénophobe. C’est au contraire appeler tous les humains, par-delà leurs origines, à s’élever à un haut degré de sensibilité, à un sommet de la conscience d’où l’on perçoit la cruauté des mœurs et coutumes des sociétés.
    Abolissons l’abattage rituel et toutes les pratiques négationistes des droits du vivant. Ne doutons pas que les religions monothéistes, extraordinairement plastiques, sauront tourner demain le dos à ces rituels sanguinaires lorsqu’elles auront compris, d’une part, les indignations légitimes qu’ils suscitent dans le corps social, d’autre part, leur contradiction fondamentale avec les principes affichés par ces doctrines. Les religions parvinrent à récuser la croisade, la guerre sainte, le bûcher purificateur. Comment ne récuseraient-elles pas l’abattage sadique au même titre que la lapidation de la femme adultère, l’amputation de la main du voleur, la décapitation du blasphémateur. Qu’il est lent à sortir de sa barbarie, l’homme, animal grégaire !

    Militants de la cause du vivant, vous êtes les précurseurs de cette évolution et comme tous les précurseurs vous encourez le scepticisme et l’incompréhension des pleutres soucieux de ne jamais s’exposer. Merci pour votre courage de voltigeurs de pointe dans les champs de mines et pour votre lucidité !

    Gérard Charollois


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  • La finance contribue certes à la croissance, mais son abus nuit gravement à l'économie réelle, préviennent les experts de la Banque des règlements internationaux (BRI), la banque centrale des banques centrales (c'est là qu'on voit le système de pieuvre) ! "Plus le secteur financier grandit, plus la croissance de l'économie ralentit" écrivent-ils dans un rapport publié par la BRI. Pourquoi ? Parce que la finance aspire les meilleurs cervaux et les idées les plus fortes au détriment de la productivité. Des gens qui auraient pu devenir scientifiques, qui, dans une autre époque auraient rêvé de découvrir un remède contre le cancer ou de voler vers Mars, rêvent aujourd'hui de devenir directeurs de fonds spéculatifs.
    Bon, dans tout ça on est loin de penser aux peuples qui doivent supporter toutes ces magouilles !

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    Après nous avoir pourri la vie et les finances
    avec leur Goldman Sachs

    Ils n'ont qu'un envie qu'on coule, des fois qu'on deviendrait les meilleurs
    avant eux ...
    Messieurs les européens coulez les premiers !!!!
    L'Angleterre est le ver dans notre pomme !


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  • Par Jean-Claude Guillebaud

    J’emprunte ce titre à un ouvrage de Gaël Giraud. [1] Son auteur est un « repenti » particulièrement bien informé. Normalien, docteur en mathématiques appliquées, il baigna longtemps dans le monde de la finance, comme consultant auprès de plusieurs banques d’investissement parisiennes. Son métier consistait à conseillers les « traders », en mettant à leur service ses talents de mathématicien.

    Ayant aujourd’hui rompu avec cet univers frénétique (il est devenu jésuite), il n’est pas mal placé pour nous décrire la paranoïa spéculative qui gangrène insidieusement nos sociétés, et nous adjurer de rompre avec ce qu’il appelle l’ « illusion financière ». Lisant ces pages, je songeais au livre prémonitoire publié en 1996 par Viviane Forrester, « L’horreur économique », et qui scandalisa les sots, mais seulement eux. Giraud aurait pu légitimement titrer le sien « L’horreur financière ». Horreur ? Songeons aux films produits par Hollywood ces dernières années au sujet de la finance : des deux volets du « Wall Street » d’Oliver Stone au superbe « Margin Call » de J.C. Chandor (2011), en passant par nombre d’autres, tous grinçants et glaçants.

    Chez nous, la prochaine sortie (le 12 novembre) du film de Costa Gavras, « Le Capital », enfoncera le même clou. Logique : la montée en puissance de la déraison financière, les blessures répétées infligées aux peuples – et au principe démocratique – par cet impérialisme obtus dépassent l’entendement. En toute logique, nous devrions en parler chaque jour, nous révolter, nous mobiliser, nous indigner du matin au soir. Toutes proportions gardées (le meurtre en moins), les traders fous sont socialement presque aussi dangereux que les djihadistes, comme l’avait un jour subodoré l’universitaire américain Benjamin Barber.

    Dès lors, une question se pose. Comment se fait-il que ces choses si bien vues et décrites par les cinéastes et les romanciers ne soient pas mieux prises en compte par les commentateurs pressés, les économistes médiatiques, les politiciens sermonneurs ? D’où vient ce décalage ? Comment la pensée dominante parvient-elle à se murer dans un tel aveuglement ? En effet, ce n’est pas aux financiers mais bien aux citoyens ordinaires qu’on fait quotidiennement la leçon (austérité punitive, admonestations moralisatrices, etc.), en feignant d’oublier que nos démocraties sont aujourd’hui à double fond. Sous la croûte des apparences délibératives (la dette, les contraintes de compétitivité, la crise et tout le tintouin) grouille un petit monde de malfaiteurs en cravate. Il est aussi minoritaire dans l’univers des banques que les salafistes au sein de l’islam, certes, mais il est agissant et même « tendance ».

    Gaël Giraud use d’un langage clair et accessible à tous, bien que très précis, pour décortiquer les procédés retors dont usent les spéculateurs ; des procédés qui sont ordinairement dissimulés dans le jargon protecteur en usage dans les salles de marché. La fausse scientificité du patois financier permet d’abuser le citoyen en l’intimidant. Je pense, entre autres, à la pratique du « tranching » qui consiste à mêler dans un même produit financier – CDO ou CDS - des créances sûres et d’autres « pourries » afin d’entourlouper les naïfs. Pour Giraud, cette idolâtrie financière implique une complicité collective, au moins passive, « qui n’est pas sans rappeler la terrible banalité du mal dont parlait Hannah Arendt ».

    Nous devrions nous méfier, nous journalistes, de cette « complicité passive » à laquelle est vite tenté de céder quiconque veut « faire sérieux ». Giraud en appelle in fine à la révolte démocratique mais aussi spirituelle. Une bonne idée…

    Jean-Claude Guillebaud

    Le Nouvel Observateur N° 2503 du 25 octobre 2012

     

    [1] Gaël Giraud, « Illusion financière », Éditions de l’Atelier, 176 pages, 17 euros


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    Par Gérard Charollois

    Des groupes humains commettent des actes de cruauté soit à l’encontre d’autres hommes, soit à l’encontre des animaux au nom des Traditions. Chaque individu se mue en tortionnaire protégé de toute pitié par le seul fait que d’autres le firent avant lui et que tant d’autres perpétuent des actes qu’il ne pourrait pas accomplir s’il raisonnait un instant sur leur portée. Ces rites, ces spectacles, ces loisirs s’apparentent aux hideux meurtres des foules. La tradition, c’est le paravent des imbéciles béats.

    Elle économise l’examen de conscience et légitime les pires horreurs, ici et maintenant, ailleurs et de tous temps. En France, des hommes s’abritent derrière cet enfumage pour goûter aux délices de la chasse, de la tauromachie, du gavage des oies, de l’enfermement des animaux marchandisés dans des usines à viande infâmes. Le même processus mental était à l’œuvre chez ceux qui se réjouissaient aux jeux du cirque romain, qui profitaient de l’esclavage, qui applaudissaient aux supplices des sorcières, qui excisent les petites filles, qui, bandits d’honneur, fusillent sur un parking un comparse devenu gênant, qui sacrifient le mouton et occasionnellement l’infidèle.
    Les timorés prodiguent leurs indulgences lâches : « ce sont là des cultures locales, des particularismes ethnographiques qu’il convient de respecter ». Les badauds, les idiots de villages, les conformistes peu éduqués constituent les masses des adeptes des traditions sanglantes. Mais, le propagandiste de la tradition exhibera l’artiste, l’écrivain de renom qui aimaient tant la chasse, la corrida, les combats de chiens ou de coqs. Le petit Gœbbels de service triomphera en citant tel ou tel intellectuel caution morale de la mort loisir et de la mort spectacle. Or, l’adhésion d’un peintre, d’un littérateur ne prouve rien d’autre que la faillite de trop de clercs.
    Combien furent-ils ces intellectuels à célébrer Hitler, Staline et Mao ? Alors, entre le camp de concentration, le goulag et les arènes sanglantes, la liste des trahisons des intellectuels est infinie. C’est que le talent et la célébrité, souvent temporaire, ne suffisent pas à faire l’homme. La raison est certes indispensable ,mais non suffisante. C’est la capacité d’empathie qui distingue l’humain hominisé du barbare. Je ne participe pas de cette lâcheté intellectuelle et morale consistant à relativiser les valeurs fondamentales au nom du particularisme local. Leurs pseudo-cultures de pacotilles, leurs traditions sanguinaires, leurs négations des Droits de l’Homme (souvent de la femme) et des animaux, je les méprise et les dénonce au nom des victimes de ces crimes abjects.
    Pour les adeptes de la corrida, de la chasse à courre, du piégeage des petits oiseaux, du gavage, il ne saurait être question de réfléchir, d’argumenter, de réfuter, de douter. Face à une remise en cause, à une contestation de leurs pratiques, ils n’opposent qu’un ricanement gras de « beauf » arrogant fort de « sa tradition ». La Californie, Israël et une dizaine d’autres pays, envisagent-ils d’interdire la commercialisation du foie cirrhotique ? L’habitant du Perigord fulmine contre les « technocrates de Bruxelles », totalement étrangers à l’affaire. Des militants se mobilisent-ils pour dénoncer la chasse et la corrida ? Les lobbies rances et cossus agitent leurs fumigènes et tentent d’intimider leurs opposants qualifiés de « dangereux extrémistes, quasi-terroristes » !
    Les menaces, les procès stupides, les injures primaires, la censure sont les seules armes dont usent ces lobbies de la mort, relayés dans l’appareil d’État par des conservateurs fossilisés peuplant de leur nocive présence bien des institutions de la république. Ils sont bien incapables de soutenir un débat de fond. La tradition n’est qu’une imposture qui ne justifie rien. Comment peut-on admettre que l’on soumette des humains ou des animaux, êtres sensibles, aux sévices, aux tourments et à la mort pour s’amuser, se distraire, procurer des plaisirs malsains ? Quand l’individu abdique à la fois sa raison et sa pitié, que reste-t-il de lui ? Une brute débile assoiffée de sang.

     

    Faire quelque chose uniquement parce que d’autres le font est le comble de la démission morale. Individuellement, le prisonnier des traditions se condamne à n’être rien d’autre que le pâle reflet d’autrui qui agit aussi stupidement que lui. Sans l’alibi de la tradition, les humains souffriraient d’infliger les maux dont ils endeuillent ce monde infernal. Mais la tradition anesthésie la conscience, abrutit, autorise l’intolérable. Sans elle, nul ne supporterait le spectacle du mal qu’elle génère. La tradition interdit de contempler l’horreur d’une pratique qui se pare du manteau du temps pour dissimuler les souffrances qui l’accompagnent.

    Le processus d’hominisation ne sera parachevé qu’avec l’abolition des traditions et l’avènement de l’homme libre dont chaque action sera pensée à l’aune de la raison et du sentiment.

    Gérard Charollois

    ecologie-radicale.org

     

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  • Pierre Athanaze

    Plus rien en France ne défend le loup, pourtant espèce protégée. Ni les préfets, ni même les Parcs Nationaux. Le renouvellement du « Groupe National Loup » avec des anti-loups notoires est le dernier levier de cette éradication programmée. L’ASPAS en appelle au Président de la République pour qu’il crée un ministère de l’Écologie digne de ce nom.

    1 - On compte aujourd’hui environ 200 loups en France. Or, 131 arrêtés préfectoraux de tirs de loup ont déjà été publiés depuis le début de l’année, soit une autorisation de mise à mort pour 1,5 animal ! Parmi les tireurs potentiels, nous trouvons l’éleveur qui s’est permis de tabasser deux gardes du Parc National du Mercantour à coups de manche de pioche. L’individu n’a toujours pas été mis en examen, et ces exactions contre des agents de l’État n’ont pas troublé le préfet des Alpes-Maritimes, qui l’a autorisé à participer à ces tirs ! Une telle complaisance de la part de l’administration et du ministère risque d’encourager la généralisation de la violence dans nos montagnes.

    2 - Mardi 12 octobre, le nouveau Groupe National Loup a été mis en place. Peu avant sa prise de fonction, son président Christophe Castaner (député maire PS de Forcalquier) n’a caché ni sa satisfaction, ni sa partialité : « c’est la première fois que l’on parle de gestion et de régulation du loup au sein d’un ministère de l’Écologie ». La feuille de route de cette commission semble toute tracée. L’ASPAS [1] en a été exclue, malgré ses compétences sur le dossier : les protecteurs de la nature ne sont pas les bienvenus.

    3 - Cerise sur le gâteau : le Parc national des Cévennes vient de demander à être considéré comme « zone d’exclusion du loup » ! [2] L’ASPAS refuse qu’un espace protégé de 57 000 hectares de forêt en zone cœur (soit le plus grand Parc National boisé de France), qui bénéficie des financements du ministère de l’Écologie et de l’Union Européenne, puisse décréter qu’il n’y a pas de place pour le loup. Où y en aurait-il alors ? Un Parc National n’a pas vocation à être une chasse privée (celui des Cévennes est déjà l’un des deux Parcs Nationaux où la chasse est autorisée), ni un élevage de moutons, mais bien une zone de préservation de la faune et la flore dans un état de naturalité le plus authentique possible pour les générations futures.

    Conclusion : le dossier du loup a totalement échappé au ministère dit de l’Écologie. Face à cette accumulation de défaillances, l’ASPAS en appelle au Président de la République et au Premier ministre pour qu’ils créent de toute urgence un vrai ministère de l’Environnement doté de réels moyens réglementaires, humains et financiers pour mettre en place la véritable politique de protection de la nature digne du XXIème siècle qu’attendent les Français.

    Pierre Athanaze, Président de l’ASPAS

    aspas-nature.org

     

    [1] Seconde association de protection de la nature en nombre d’adhérents, et l’une des plus présentes sur le dossier loup. L’ASPAS est la seule association à avoir attaqué la France sur sa désastreuse « gestion » du loup avec un recours auprès de la Commission Européenne et un autre au Conseil de l’Europe

    [2] La zone d’exclusion du loup n’a pas encore de définition légale, mais elle est l’objet d’une proposition de loi déposée le 16 octobre par 14 sénateurs apparentés socialistes (dont J.-P. Chevènement, R. Hue, F. Laborde,…


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  • La plupart des gens disent que la réponse est dans le recyclage. Eh bien, oui, et maintenant, n'oubliez pas les trois R :
    - Réduire,
    - Réutiliser
    - Recycler.

    Réduire et organiser le recyclage ce sont des atouts.
    Si vous réduisez, vous utilisez moins de ressources.
    Le recyclage ne ​​devrait pas justifier la consommation de masse inutile.
    Le gros problème c'est que la majeure partie de ces produits est exportée vers la Chine ou l'Afrique où les gens les démontent peu à peu, sans aucune précaution, organisation, y mettent les enfants, au risque de l'exposition à des toxines dangereuses.

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