• Le nivellement par le bas ...

    Plus assez de mots pour le dire !

    Par Jean-Claude Guillebaud

     

    Aujourd’hui, notre langue commune est réduite à sa plus simple expression. Non seulement les mots qui font sens se sont faits plus rares, mais ils sont souvent détournés de leur signification initiale.

     

    Le vendredi 16 octobre, France 2 a eu la bonne idée d’aborder de front une réalité rarement évoquée – et pour cause ! – par les grands médias audiovisuels. Je parle de l’appauvrissement vertigineux de notre langue commune, celle qui tient une société réunie. C’est peu de dire, hélas, que l’adjectif « vertigineux » s’impose si l’on veut évoquer la dégradation de la langue française. Écrivant cela, je ne vise même plus l’envahissement accéléré du « franglais », cet idiome détestable que le grand professeur de littérature comparée que fut René Etiemble combattait jadis avec énergie (son best-seller « Parlez-vous franglais ? » date de 1964). La ruine que mesurent aujourd’hui les linguistes est d’une autre nature. Elle semble plus radicale si l’on veut bien s’attacher au nombre de mots couramment utilisés, au stock de vocabulaire dont disposent les citoyens que nous sommes. Il était d’usage d’évaluer à 5 000 mots le « lexique » moyen d’un adulte alphabétisé. Or on estime aujourd’hui qu’au moins 10 % de la population n’en maîtrisent que 400 ou 500. Configuration nouvelle : cette misère du parler ordinaire n’est plus l’apanage des catégories défavorisées que l’on avait l’habitude de montrer du doigt – jeunes des cités, adultes des zones périphériques ou rurales. Il ne se ramène plus aux formules passe-partout des ados (« c’est cool ! » ou « c’est super ! »), qui tenait lieu de lingua franca.
    http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article29704

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