Quand j'étais môme, la salle des fêtes, c'était le cœur battant du village, le lieu où l’on se rassemblait pour tout et n'importe quoi : des bals où l’on dansait jusqu’à l’aube, des mariages où l’on festoyait de bonne bouffe du terroir, des fêtes de fin d'année où l’on se réchauffait avec du vin chaud, des soirées loto où l’on espérait gagner le gros lot, des paëllas géantes où l’on se régalait de riz et de fruits de mer…

Et puis, il y avait le fameux rideau rouge qui cachait la scène. Quand il se levait, c'était comme si un monde nouveau s'ouvrait à nous. Les musiciens entonnaient des airs entraînants, les danseurs tourbillonnaient, les rires fusaient. C'était chouette.

Maintenant les salles des fêtes on dirait des bunkers. Même le sol est moche, recouvert de lino qui colle aux godasses.

C'est comme si on avait perdu le goût de la fête, de la convivialité, la joie de vivre.

Peut-être qu'un jour on rebâtira des salles des fêtes dignes de ce nom avec du bois, de la pierre, de la lumière.

Peut-être qu'on se rappellera que la fête c'est la vie et que sans l'une, l'autre ne vaut pas un clou.
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