• Par Jean-Claude Guillebaud

    Qu’on l’apprécie ou pas, il faut remercier Jean-Luc Mélenchon d’avoir ramené la campagne présidentielle sur la place publique, c’est-à-dire l’agora athénienne, l’espace commun, la poussière des villes et du réel. C’est bien lui qui, avec sa prise de la Bastille du 18 mars, a réhabilité une tradition que l’on pensait désuète : celle des rassemblements à ciel ouvert, des foules au coude à coude, des festivités charnelles de l’engagement démocratique.

    Ainsi avons-nous eu – et aurons-nous encore - des réunions spectaculaires et rivales, comme celle de la Concorde pour la droite, de Vincennes pour la gauche. Dans l’un et l’autre cas, on sentait quelque chose comme un bonheur retrouvé. On s’amusa d’entendre dès dimanche soir sur France 5 un Nicolas Beytout, ancien patron des Échos, - et pas vraiment à gauche – contraint de rendre hommage sur ce point au « diable rouge ». Tout arrive ! On perdrait néanmoins son temps à commenter ces rassemblements comme des commentateurs sportifs, et uniquement ainsi. Qui a fait le plus de monde ? Combien de cars et de TGV affrétés ? Qui a gagné la première diffusion ? Ces questions font sens, bien sûr, mais elles négligent l’essentiel. Ce dernier tient en peu de mots : en descendant sur l’agora, la démocratie reprend chair et couleur. Elle retrouve son épaisseur historique, sa vérité. Quant aux citoyens, ils redeviennent des hommes et des femmes debout, capables de mêler leur sueur, leurs soucis et leur joie. Ils ne sont plus ces « claques » pathétiques qui applaudissent sur commande dans les studios, ces « échantillons » bafouillant que choisissent les communicants pour questionner un candidat ou ces quidams endimanchés, réunis pour je ne sais quel jeu télévisé. Debouts et rassemblés, les citoyens – comme c’est le cas pour des manifestants pacifiques – retrouvent leur pleine dignité. Et cela se voit sur les visages.

    Oh, certes, ces grand-messes ne se ressemblent pas. Dimanche dernier, celle de la Concorde était hollywoodienne, avec sono professionnelle, effets de caméras et tutti quanti. À Vincennes, le peuple de gauche était plus « nature » et, semble-t-il, plus jeune. Quant à Marseille – cette « porte du Sud », comme l’appelait Albert Londres – l’énorme foule réunie le samedi 14 sur le Prado procédait à l’évidence de la diversité. Ce qui rapproche pourtant ces « communions humaines », c’est qu’elles rompent avec cette déréalisation mortifère de la campagne qui décourage tout le monde. Je parle de ces émissions télévisées au rituel ripoliné, de l’addiction pour ces tweets où l’expression politique se réduit à un graffiti de 140 caractères, de ces fastidieux débats entre économistes médiatiques, de ces commentaires papelards d’ « experts » qui ont une calculette à la place du cerveau. Je pense à ces moments cafouilleux du direct télévisé, comme cette clownerie du 11 avril dernier qui vit un Giesbert méprisant et allumé railler Philippe Poutou, comme l’aurait fait vers 1712 (fin de règne) un petit marquis de Versailles à l’endroit d’un jardinier du château. Une foule de citoyens serrés sur une place publique, c’est un retour sur terre. Il nous remet sous les yeux ce que recouvre exactement la démocratie, à quoi ressemblent les bénéficiaires ou les victimes d’une politique, ce qu’expriment les regards de ces hommes et de ces femmes assez déterminés pour braver la fatigue et le découragement.

    Soudainement, on n’est plus dans l’univers gazeux des statistiques et des sondages ; on soulève un moment la « cage d’acier » de la dette et les réprimandes sermonneuses. On est ensemble et heureux. La démocratie passe aussi – et nécessairement – par cette espérance partagée. Quand elle fait défaut, gare…

    Jean-Claude Guillebaud

    Le Nouvel Observateur N° 2476 du 19 avril 2012

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  • Par Jean Pierre Acasoca

    Pourquoi sommes-nous aussi passifs et résignés, pourquoi acceptons-nous facilement certaines injustices et pas d’autres, pourquoi acceptons-nous de vivre dans un monde dominé par les forces de l’argent, pourquoi acceptons-nous d’être gouvernés par des gens sans scrupules, pourquoi sommes-nous arrogants et prétentieux devant les faibles et soumis et domestiqués devant les forts, pourquoi sommes nous désemparés devant la mort et le chaos !

    C’est à cause de la peur qui nous habite tous, la peur d’un autre monde, la peur de l’inconnu, la peur de perdre nos repères, peur de manquer, peur de la misère, peur de la solitude, peur du vide et du changement. C’est cette peur qui a servi à inventer la sorcellerie, la magie et une toute puissance divine. La peur, est un instrument puissant du pouvoir. La peur nous maintient dans l’incertitude du lendemain et fixe des barrières à nos espérances, en distillant en nous la peur sociale, la peur de l’autre ou la peur écologique.

    Le monde est tel qu’il est car il est conforme aux clivages habituels auxquels l’on nous a conditionnés. L’on nous a fait croire que nos valeurs reposent sur la prédation et la domination de son prochain. Nous sommes programmés pour penser qu’un monde pyramidal est le meilleur. Au sommet il y a ceux qui méritent leur place et progressivement nous descendons vers la base où une multitude lèvent les yeux et quémandent les miettes du festin pantagruélique dont se gavent les puissants. Mais si la base refuse de porter sur ses épaules le fardeau, la pyramide s’écroule. La base n’est pas consciente de son pouvoir, alors que le système repose entièrement sur ses efforts ! Il est temps de se débarrasser de ces pseudos élites sans morale qui régentent la planète pour leur seul profit égoïste.

    Un éveil des consciences est essentiel pour le devenir de l’humanité. Nous ne pouvons pas continuer à laisser faire. Nous ne pouvons plus nous permettre uniquement quelques réformes. Nous devons réfléchir à d’autres alternatives. Nous devons redéfinir la manière de vivre ensemble. Nous ne pouvons plus accepter le diktat d’une classe de privilégiés au seul dire que les rôles sont distribués ainsi « parce qu’ils le valent bien », il est grand temps de prendre conscience « qu’ils ne valent rien » !

    Le Capitalisme ne sert qu’une poignée d’individus, et devant leur soif insatiable de richesses et de pouvoir, il devient un monstre incontrôlable. On nous fait croire qu’il n’existe aucune alternative à ce modèle sociétal, c’est faux. Il faut seulement oser, mais la peur du changement, la fameuse peur inscrite au plus profond de nos gènes refait surface. Alors que la seule solution à tous nos problèmes passe inévitablement par une redistribution des richesses, nous cherchons des raisons pour ne rien faire. Nous dépendons de ce système depuis tellement longtemps que nous n’osons pas en imaginer un autre. Pour nous en persuader, nous répétons docilement ce que l’on nous a appris : on ne peut pas faire autrement, c’est de l’utopie !

    Mais si nous ne changeons pas, nous sommes condamnés à servir nos maitres pour l’éternité. Évidemment que ce n’est pas facile, mais la Liberté se mérite, des peuples se sont saigner pour l’obtenir, c’est un manque de respect envers eux et surtout envers nos anciens qui se sont battus pour nous. Nous ne pouvons condamner les générations futures à l’esclavage en restant immobile. Osons !

    2ccr.unblog.fr

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  • Une dame m’écrit comme on envoie une bouteille à la mer. Son mari artisan-maçon a une entreprise à Vauchamps. Suite à un accident de travail, il a pris du retard dans ses commandes. Sa banque, qui devrait lui servir de béquille, se défausse.

    D’où la détresse de cette Marnaise : « Nous avons du travail à revendre, mais je demande 15 jours, 3 semaines pour que tout rentre dans l’ordre. C’est tout. Il ne faut pas que la banque bloque les paiements de mes fournisseurs surtout. » Et ce cri : « Aidez-moi, ne me laissez pas comme ça… ». Ce cas n’est évidemment pas isolé.

    Et il pose une question de fond aux politiques : comment obliger les banques à assumer pleinement leur rôle qui est aussi de défendre l’entreprise ?

    Bruno Testa
    for lunion.presse.fr

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  •  

    Ils ont pris le pays, et ses grands propriétaires terriens, par surprise. A 2 h, mardi matin, des milliers d'ouvriers agricoles et leurs familles ont commencé à poser leur paquetage, planter des banderoles et dresser des piquets sur des parcelles ... En une journée, ils "tenaient" plus de 12.000 hectares, aux quatre coins du Honduras, invoquant un vieux principe issu des luttes des années 60 : la terre appartient à qui la cultive !
    Ce coup d'éclat est l'action la plus spectaculaire de la Journée Internationale de la Lutte paysanne.
    Dans la campagne où résident la moitié des 7,7 millions des Honduriens, 63 % vit sous le seuil de pauvreté.

    Cela nourrit un conflit permanent et meurtrier avec les gros propriétaires, dont les milices traquent les cultivateurs clandestins, souvent leurs propres ouvriers.
    55 tués dans l'opulente région du Bajo Aguan.
    Le président actuel est pour les riches ... quelle honte non ? ça ne vous rappelle rien ?

     

     

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  • Monsieur le Président,

    Les citoyens français vous ont élu sur la foi et la sincérité d’un programme politique dont vous n’avez pas respecté les engagements et auquel vous avez maintes fois tourné le dos depuis votre élection, le 6 mai 2007. Aujourd’hui vous vous présentez une nouvelle fois au suffrage du peuple français et vous menez une campagne reposant sur une double imposture : la promesse d’une nouvelle rupture et l’oubli de votre bilan. Bien plus, vous utilisez les services de l’État au bénéfice de votre campagne et vous n’hésitez pas à exploiter les événements politiques, économiques et sociaux à des fins électoralistes et avec le soutien de nombreux médias qui propagent une insidieuse politique de la peur sur laquelle vous espérer bâtir une popularité. Cette lettre citoyenne entend simplement vous rappeler les trop nombreux engagements que vous n’avez pas tenus.

    Vous aviez promis en 2007 de maintenir le droit à la retraite à 60 ans : vous l’avez repoussé autoritairement à 62 ans, contre l’avis de la majorité des Français et au terme du plus long conflit social que la France ait connu depuis très longtemps. Nous n’oublierons pas !
    Vous avez souhaité dans vos propositions que « la formation initiale des enseignants soit assurée » : votre réforme a supprimé l’année de stage et conduit des milliers de jeunes enseignants non formés à exercer devant des élèves désemparés. Nous n’oublierons pas !
    Vous avez voulu réformer en profondeur l’université et la recherche et vous prétendez que cette réforme est le succès de votre quinquennat : les milliards promis ne sont jamais arrivés et de nombreux établissements de l’Enseignement supérieur sont aujourd’hui en déficit tandis que les organismes de recherche sont démantelés. Nous n’oublierons pas !
    Vous avez promis de « préserver l’excellence de notre système de santé » et d’« améliorer les conditions de travail des professionnels de la santé ». Vous avez fait fermer des hôpitaux et des maternités, créé des déserts médicaux dans de nombreuses régions, supprimé des dizaines de milliers de postes de personnels de santé et détérioré gravement l’accès aux soins de millions de français. Nous n’oublierons pas !
    Vous vous êtes engagé à « veiller rigoureusement à l’indépendance de la justice » : les nombreuses affaires en cours montrent crument l’exercice d’un pouvoir qui tend à privatiser la justice au service d’intérêts financiers, personnels ou politiques, et qui contrevient gravement au principe d’indépendance dont votre fonction vous fait pourtant le garant. Vos gouvernements successifs ont enfreint sous votre autorité l’Article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui dispose que la loi « doit être la même pour tous ». Nous n’oublierons pas !

    Votre politique a ainsi ébranlé les trois socles de la République française : la Sécurité sociale, l’École et la Justice. Nous n’oublierons pas !
    Au chapitre des Droits de l’Homme vous aviez promis à vos compatriotes de « franchir de nouvelles étapes dans la préservation et la conquête des libertés ». Les seules étapes que vous avez fait franchir à la société française constituent une inadmissible régression des Droits de l’Homme : votre politique sécuritaire et d’immigration, en flattant les idéologies d’extrême droite et en avivant les haines comme les peurs, a porté non seulement atteinte dans son application aux libertés démocratiques fondamentales, mais aussi aux principes intangibles des grands textes fondateurs de notre histoire, et que votre volonté politique a travaillé à déconstruire et à mettre en péril : La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, la loi de 1905, les valeurs issues du Conseil National de la Résistance. Nous n’oublierons pas !
    Sous votre présidence plusieurs ministres condamnés ou mis en cause dans des procédures ou des informations judicaires, ont continué impunément à exercer leurs fonctions alors que dans toute démocratie digne de ce nom ils auraient dû se mettre en retrait. Vous avez ainsi contribué à l’abaissement moral de la politique en la soumettant, soit à une idéologie condamnable, soit aux intérêts d’une oligarchie financière et d’un clan. Nous n’oublierons pas !
    Aveuglé par votre hyperprésidence et votre conduite autoritaire des affaires de l’État, vous avez dévalorisé le rôle du gouvernement et du Parlement. En refusant obstinément de vous mettre à l’écoute des citoyens, en méprisant les associations et les organisations syndicales, vous avez délité les liens sociaux et provoqué une crise démocratique et institutionnelle sans précédent dont vous portez l’entière responsabilité. Responsabilité encore aggravée par le choix de la provoquer en une période de grave crise économique et financière, crise que vous exploitez et que votre politique alimente en choisissant d’accabler les plus pauvres et en ne cessant d’enrichir la classe des Français les plus aisés. En cinq années d’exercice de votre pouvoir, vos gouvernements ont considérablement aggravé les inégalités sociales et économiques. Nous n’oublierons pas !

    Enfin, vous avez adopté à de multiples reprises un comportement public et fait des choix politiques qui ont rabaissé la fonction présidentielle ainsi que l’image, la culture et les valeurs de la France en Europe et dans le monde. Nous n’oublierons pas !

    Pour toutes ces raisons, en allant voter les 22 avril et 6 mai prochains, nous n’oublierons pas que vous avez brisé le contrat social et politique qui vous unissait à nous. Vous avez perdu toute crédibilité. Il est temps, Monsieur le Président, que vous redeveniez un citoyen et un justiciable ordinaires.

    blogs.mediapart.fr


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  • L’ex-« ni soumise » Fadela Amara vient de se soumettre à François Hollande à trois jours du premier tour.

    Plus besoin de s’embêter avec les sondages ou d’attendre Twitter, on est sûr maintenant que le candidat socialiste va gagner. Car de même que la boussole indique toujours le nord, la boussole Amara indique toujours le camp du vainqueur. Et comme la boussole Amara est une boussole parlante, voici ce qu’elle dit : « Hollande est le plus intelligent à gauche. »

    Venant de celle qui est passée du PS chez Sarkozy pour un secrétariat d’État à la Politique de la ville, dont personne ne se souvient, vous comprendrez pourquoi je n’ai pas cru bon de rappeler qu’elle fut naguère « ni pute ».

    Bruno Testa
    for lunion.presse.fr

    Altermonde-sans-frontières


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  • Demandez-vous, Messieurs, pour qui vous gouvernez,
    À qui le politique a-t-il à s’adresser ?
    Est-ce à des créanciers ou à ses citoyens ?
    Où sont ses vrais devoirs, à qui doit-il le bien ?
    J’ai peur à vous entendre que sens dessus dessous,
    Vos esprits, vos idées, désormais se dévouent
    À ignorer le peuple et servir la finance
    Et du contrat social à faire déchéance.
    (Frédéric Lordon)

    Revolution-francaise


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  • Dans la série : faites ce qu'on vous dit, pas ce qu'on fait ....

     

    Si ce qu’écrit Libération se révèle vrai, Pierre Lellouche aurait employé une femme de ménage sans-papiers et de plus non déclarée. Ce qui fait beaucoup pour un ministre de la République.

    Lellouche se défend piteusement en expliquant qu’il la payait avec des chèques emploi-service. Sous-entendu, la déclaration est automatique. Faux. La preuve, il a fallu le passage du documentaire télé pour que le ministre, sentant le vent du boulet, s’empresse de déclarer sa femme de ménage cinq mois après qu’elle ait commencé.

    Mais que fait donc Claude Guéant ? Ce serait pourtant facile pour lui, (et sans déplacer le Raid !), d’alpaguer le malotru, vu qu’ils siègent dans le même gouvernement !

    Bruno Testa
    for lunion.presse.fr
    Altermonde-sans-frontières

     

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  • Quand la candidate de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud, a proposé dans « Des paroles et des actes » de mettre en prison les patrons qui se moquent du Code du travail, un sentiment d’horreur a envahi le visage des journalistes Fabien Namias et Nathalie Saint-Cricq.

    Comment, oser mettre en prison des patrons pour un motif aussi futile ? De mémoire, je n’ai jamais entendu les mêmes journalistes s’indigner que l’on mette en prison des voleurs de mobylettes. Notre pays serait-il un pays de castes ? Malheureusement oui.

    Sauf que contrairement à l’Inde, les intouchables de notre pays ne sont pas ceux qui végètent dans le ruisseau mais ceux qui lévitent dans le haut de la pyramide, dont fait évidemment partie la télévision dite publique.

    Bruno Testa
    for lunion.presse.fr
    Altermonde-sans fontières


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  • Mon sang n'a fait qu'un tour ! J'ouvre la première page de mon journal Ouest-France ... gros titre :
    Comment l'Amérique a sauvé ses voitures ...
    Voilà un pays où une fausse crise a jeté à la rue des gens à qui on avait vendu des maisons sachant qu'ils ne pourraient pas payer, ou des quartier de villes sont à l'agonie, où les pauvres sont si abandonnés ... oui, mais, il a sauvé ses putains de bagnoles ...
    J'ai honte pour des journalistes qui écrivent ces titres avec le sang des gens qui souffrent ...
    Au fond, j'ai tort, ce n'est peut-être pas plus mal de dire que nous sommes vraiment des veaux, non des moutons, y a plus à tondre !

    voitures-americaines-copie-1.jpg


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